Alexandre Bissonnette a commis un acte raciste le 29 janvier 2017, mais pas terroriste selon un psychiatre qui s'est entretenu avec lui mercredi à la demande de la Couronne.

« Est-ce que ce crime-là est du terrorisme ? Absolument pas. Ce crime-là est trop égoïste pour que ce soit du terrorisme », a expliqué le psychiatre légiste Gilles Chamberland devant la Cour supérieure.

« Il n'a jamais eu la prétention de porter une cause. On ne peut rattacher ça à une revendication. C'est un raisonnement purement égoïste. Le raisonnement avait des bases racistes, mais absolument pas terroristes », a continué l'expert.

La décision de la Couronne de ne pas accuser Bissonnette de terrorisme avait déçu plusieurs survivants de la tuerie. Mais Gilles Chamberland estime que même s'il avait des préjugés, Bissonnette avait avant tout le projet d'en finir avec ses jours et de faire un coup d'éclat avant de partir. C'était, dans les mots du tueur, comme « une quête ». La communauté musulmane lui offrait une cible qu'il jugeait acceptable.

« Ce crime-là est empreint de racisme même si monsieur ne le voit pas, dit le Dr Chamberland. C'est basé sur des choses totalement fausses pour pouvoir utiliser cette communauté-là. »

Des risques immenses

Selon l'expert de la Couronne, Alexandre Bissonnette pourrait représenter un risque énorme pour la société toute sa vie. « C'est sa personnalité qui l'a amené à faire ça », explique Gilles Chamberland, qui estime que Bissonnette est narcissique, mais a aussi les traits d'une personnalité limite.

Des experts de la défense ont dit, citant des outils de calcul actuariels, que Bissonnette représentait des risques de récidive entre un sur trois ou un sur six.

Le Dr Chamberland estime que ces risques sont extrêmement élevés compte tenu du crime qu'il a commis. « La question c'est : si monsieur récidive, est-ce qu'il va le faire pour un vol à l'étalage ou pour un autre crime comme celui-là ? »

Selon lui, un risque sur six, c'est déjà trop. Il a comparé ça à une compagnie d'assurances. « Si on assure une Honda Civic ou une Ferrari, c'est sûr que la prime ne sera pas la même. »

« Ici, si on a un risque sur un million, ce serait déjà trop. Un risque d'un million ça veut dire que sur un million de personnes le même événement se reproduirait », a-t-il dit.

Alexandre Bissonnette est passible de 150 ans de prison ferme. La défense tente de convaincre le juge Huot de lui donner la peine minimale de prison à perpétuité avec possibilité de libération après 25 ans.