Alexandre Bissonnette a menacé de se suicider en appelant le 911. Il venait de se faire prescrire un médicament contre la dépression et les troubles d'anxiété. Selon sa mère, il endossait les propos anti-immigration de Donald Trump. C'est ce que révèlent des documents judiciaires frappés d'une ordonnance de non-publication qui deviennent aujourd'hui publics avec le plaidoyer de culpabilité de l'accusé.

Dans la dernière année, La Presse a eu accès à d'autres informations contenues dans ces documents judiciaires. Retour sur ce que l'on sait... et sur ce qu'on vient d'apprendre.

Nouveau médicament

Peu avant l'attaque à la mosquée, Alexandre Bissonnette s'est fait prescrire un nouveau médicament, APO-Paroxétine, par son médecin traitant, révèle un document judiciaire nouvellement libéré de son ordonnance de non-publication. Il s'agit d'un médicament qui sert à traiter « les symptômes de dépression, de trouble obsessionnel compulsif, de trouble panique, de phobie sociale, d'anxiété généralisée ou d'état de stress post-traumatique », selon un pamphlet du fabricant, la pharmaceutique Apotex. La mère du tireur a expliqué à un policier de la GRC qui l'a rencontrée, dans la foulée de la tuerie, que son fils demeurait chez ses parents depuis une semaine parce qu'il était « très anxieux et instable ». Il avait aussi demandé un congé à son employeur, HEMA Québec, congé qui lui aurait été refusé. Selon sa mère, il aurait plutôt été mis en arrêt de travail après avoir parlé en mauvais termes de ses patrons.

Il endossait Trump

Alexandre Bissonnette « serait en accord avec les propos de Donald Trump à l'effet de bloquer toute immigration », a dit sa mère à un policier qui l'a interrogée. C'est ce qu'on découvre dans un document judiciaire dont le contenu vient d'être presque entièrement libéré de son ordonnance de non-publication. Le document ne contient aucun autre détail sur les idées politiques de l'accusé. Toutefois, le lendemain de l'attentat survenu le 29 janvier 2017, La Presse avait appris d'une source proche de l'enquête que le jeune homme a franchement manifesté son hostilité envers les membres de la communauté musulmane lorsque la police l'a interrogé.

Du repérage ?

Des images de surveillance de la mosquée saisies l'an dernier par la police ont montré un homme en train de faire ce qui ressemble à de repérage près du lieu de culte. « L'individu reste près de la mosquée durant près de trente minutes et entre à deux reprises dans le hall d'entrée de la mosquée. L'individu n'avait pas l'air familier avec le rituel de la mosquée, soit d'enlever automatiquement les chaussures en entrant », lit-on dans un document dont une partie du contenu a été rendue publique en octobre. On y apprend que la police a mené des perquisitions chez Bissonnette pour retrouver les morceaux de vêtements que portait l'homme sur les images : « une tuque foncée avec des lignes horizontales, un long manteau noir, un sac en bandoulière de couleur noire, un pantalon foncé et des chaussures beiges de style "hiking" ». Un témoin a identifié l'accusé comme étant l'homme qui avait fait du repérage.

Souper chez ses parents

Juste avant d'attaquer la mosquée, Alexandre Bissonnette a soupé avec ses parents, a raconté sa mère à la police. Il a ensuite emprunté la voiture de son père, un Mitsubishi RVR 2015 de couleur grise. C'est à bord de ce véhicule qu'il a été appréhendé par le Groupe tactique d'intervention près du pont de l'île d'Orléans. Après le souper, l'homme se serait rendu à son club de tir, Les Castors à Charlesbourg, qui s'est avéré fermé, selon des documents judiciaires dont le contenu a été partiellement libéré en octobre. Bissonnette était membre du club, il possédait une certification pour le tir au pistolet. C'est après s'être buté à une porte close qu'il aura pris le chemin de la mosquée.

Des armes au sous-sol

C'est dans le sous-sol de la maison de ses parents, dans un coffre de sécurité, qu'Alexandre Bissonnette entreposait ses armes à feu. Selon son père, il en possédait trois : un Glock, un Sig Sauer et une arme longue Browning, qui est une sorte de carabine. Une vérification effectuée par la police a confirmé deux armes de poing enregistrées au nom d'Alexandre Bissonnette, soit un Glock et un Sig Sauer. Les témoins de l'attaque ont raconté que le tireur a utilisé une arme de poing pour tuer et blesser ses victimes. L'arme longue qu'il avait avec lui se serait enrayée, ont dit plusieurs personnes. La police a trouvé devant la porte de la mosquée une arme longue semblable à une AK47.