La Ville de Montréal a organisé une cérémonie ce midi pour commémorer l'attentat de la Grande mosquée de Québec, survenu il y a un an.

Environ 200 personnes étaient rassemblées à l'hôtel de ville pour souligner la fusillade survenue le 29 janvier 2017. « C'était important pour la population de Montréal d'être ensemble, d'honorer la mémoire de ceux qui ont perdu la vie et de celui qui sera handicapé pour la vie », a dit la mairesse Valérie Plante. Elle s'est dite heureuse de voir autant de personnes participer aux cérémonies. « Ça montre que l'amour est plus fort que la haine. »

Plutôt que livrer un discours devant les personnes réunies, Valérie Plante a décidé de lire un poème, en compagnie du chef de l'opposition, Lionel Perez, du président du comité exécutif, Benoit Dorais, et de la présidente du conseil municipal, Cathy Wong. La mairesse a ainsi dit vouloir laisser toute la place aux mémoires des six personnes tuées et de l'homme gravement blessé.

« Ibrahima, Mamadou, Khaled, Avdelkarim, Azzedine, Aboukaber, nous ne vous oublierons pas », a conclu Valérie Plante.

En point de presse, la mairesse ne cachait pas être encore ébranlée par l'attentat survenu il y a un an. «Je suis aussi une maman qui a dû expliquer à ses enfants ce qui s'est passé l'année dernière et on ne trouve pas les mots pour expliquer cet acte ignoble commis par un individu. Ça m'a beaucoup touchée comme parent et aujourd'hui, comme mairesse, je suis heureuse de pouvoir ouvrir les portes de l'hôtel de ville pour que les Montréalais puissent envoyer une pensée pour les familles qui vivent un grand deuil.»

Lionel Perez a quant à lui souligné l'importance de telles commémorations. «La tragédie a touché tout le Québec. On a un devoir, une obligation de se rappeler des familles des victimes. Il faut toujours se rappeler de dénoncer la haine, contre quelque personne, race ou religion. Ça fait partie de nos valeurs fondamentales.»

Le chef de l'opposition a souligné que l'attentat a tristement souligné qu'on n'est jamais à l'abri de tels événements. «On est dans une société ouverte, libre et tolérante, mais il peut y avoir des dérapages. Alors il faut toujours rester vigilants.»

Les corps policiers à travers le Québec notent une hausse du nombre de crimes haineux, Montréal n'étant pas épargnée. De janvier à octobre 2017, le SPVM a rapporté 215 haineux, soit pratiquement le double de l'année précédente. 

La Commission des droits de la personne s'inquiète de l'augmentation des crimes haineux envers les communautés musulmanes. Celle-ci note que ces incidents touchent particulièrement les femmes. «Les femmes portant le hijab sont une cible visible et explicite d'actes motivés par la haine de la religion», déplore la Commission.

Les politiciens commémorent l'attentat

Les politiciens de partout au Québec et au Canada ont commémoré lundi l'attentat dans la Grande Mosquée de Québec survenu il y a exactement un an et qui continue de laisser des séquelles dans la communauté musulmane québécoise.

Le 29 janvier 2017, pendant la prière du soir, un tireur a ouvert le feu dans le Centre culturel islamique du secteur Sainte-Foy, faisant six morts et 19 blessés, dont cinq gravement.

Lors d'une allocution à la Chambre des communes, en après-midi, le premier ministre Justin Trudeau a déclaré que les victimes avaient croulé sous les balles de «l'ignorance, de la haine, de l'islamophobie et du racisme qui n'auront jamais leur place dans notre société».

Il a exhorté tous les Canadiens à se dresser «contre l'islamophobie et contre toute forme discrimination».

Le chef de l'opposition à Ottawa, Andrew Scheer, s'est pour sa part désolé que ces victimes aient été brimées dans leur droit de pratiquer leur religion.

«Cela ne devrait pas arriver au Canada. Notre pays a toujours accueilli ceux qui recherchent la liberté et une vie meilleure. Il doit rester un endroit où les croyants de toutes confessions devraient se sentir libres de célébrer leur culte», a-t-il soutenu.

M. Scheer estime par ailleurs que ce drame démontre que le Canada «n'est pas à l'abri du fléau du terrorisme».

Débats sur l'islamophobie

Si le Parti conservateur et le Bloc québécois n'ont pas choisi de parler de l'islamophobie, le premier ministre Trudeau, ainsi que le Nouveau Parti démocratique et le Parti vert ont utilisé cette expression.

«Les morts ont été pleurés, leurs vies ont été honorées. Et nous les honorons, encore aujourd'hui. Mais ce n'est pas suffisant de les honorer. Nous devons nous engager à lutter contre l'islamophobie, pour s'assurer que personne d'autre ne soit mis en danger par la haine», a affirmé le député néo-démocrate Guy Caron.

Le gouvernement libéral réfléchit actuellement à l'idée de désigner le 29 janvier comme journée nationale contre l'islamophobie, à la demande de certains groupes musulmans.

Les députés du Parlement ont d'ailleurs refusé de débattre d'une motion proposée par le conservateur Scott Reid, qui souhaite plutôt créer une journée nationale de solidarité envers les victimes d'intolérance et de violence basées sur la religion.

Rassemblements lundi soir

En soirée, tous les chefs de partis fédéraux seront présents au rassemblement de solidarité pour commémorer la fusillade qui aura lieu dans le stationnement de l'église Notre-Dame-de-Foy, à Québec, à quelques pas de la mosquée.

Tous les partis politiques québécois seront aussi représentés. Le premier ministre du Québec, Philippe Couillard, le chef du Parti québécois, Jean-François Lisée, et le chef de la Coalition avenir Québec (CAQ), François Legault, y seront. Le co-porte-parole de Québec solidaire Gabriel Nadeau-Dubois s'y rendra aussi.

Pour souligner le premier anniversaire de la tuerie, la Ville de Québec et le Centre culturel islamique de Québec ont organisé plusieurs jours de commémorations.

La Grande Mosquée de Québec a notamment tenu une soirée portes ouvertes, samedi, et un rassemblement multiconfessionnel s'est tenu dimanche soir en compagnie de représentants de plusieurs communautés.

D'autres rassemblements sont prévus ailleurs au pays, lundi.

À Montréal, un événement a eu lieu en matinée à l'hôtel de ville, en présence de la mairesse Valérie Plante.

Des événements sont aussi prévus à Ottawa, Toronto, Calgary et Vancouver.

- Avec Vicky Fragasso-Marquis, La Presse canadienne