Le syndicat représentant les gardes de sécurité de la Chambre des communes a formellement réclamé, il y a au moins trois ans, le droit de porter une arme à l'intérieur de l'édifice du parlement afin d'être en mesure d'affronter une situation de crise.

Cette requête a même fait l'objet d'une plainte à l'endroit de l'employeur. Mais la demande a été catégoriquement rejetée le 28 octobre 2013 par les autorités de la Chambre des communes, soit environ un an avant la fusillade survenue au parlement la semaine dernière, a appris La Presse.

La greffière de la Chambre des communes, Audrey O'Brien, avait alors fait valoir, après avoir analysé la demande, que les policiers de la Gendarmerie royale du Canada (GRC) avaient le mandat de «gérer la situation» s'il devait survenir une brèche de sécurité, selon nos documents.

Cette requête visait spécifiquement à permettre aux gardes de sécurité de la Chambre des communes de porter une arme lorsqu'ils donnent un coup de main aux policiers de la GRC durant des manifestations sur la colline parlementaire. La GRC obtient parfois le soutien des gardes de sécurité pour être mieux à même d'identifier les députés qui veulent se rendre au parlement.

«Les choses auraient été différentes»

Mais dans les rangs des gardes de sécurité, on estime que cela aurait pu être un premier pas important vers l'attribution d'une arme à tous les gardes de sécurité, qu'ils soient en fonction à l'extérieur ou à l'intérieur du parlement.

«Si nous avions obtenu le droit d'avoir une arme, il y a trois ans, les choses auraient sûrement été différentes la semaine dernière», a affirmé une source au sein de l'Association des employés du service de sécurité de la Chambre des communes.

La Presse a rapporté mardi que les autorités de la Chambre des communes ont décidé de confier une arme à tous les gardes de sécurité dans la foulée des événements tragiques de mercredi dernier. En outre, tous les gardes ont été invités à ne plus porter leur casquette pour éviter d'être une cible facilement repérable dans l'éventualité d'une autre fusillade. Certains gardes ont d'ailleurs commencé à recevoir la formation liée au port d'une arme cette semaine.

À l'heure actuelle, à peine le tiers des quelque 210 gardes de sécurité portent une arme au parlement. Ces derniers peuvent ainsi assurer la sécurité du premier ministre Stephen Harper lorsqu'il se trouve à l'intérieur de l'édifice, où la GRC n'a pas autorité. Ils sont alors habillés en civil et portent un gilet pare-balles. En tout, environ 60% des gardes ont déjà reçu la formation nécessaire pour utiliser une arme d'une manière sécuritaire.

Un geste héroïque

Quand le tireur Michael Zehaf Bibeau a fait irruption au parlement, mercredi dernier, les deux gardes de sécurité postés à la porte principale n'avaient pas d'arme. Certains jugent qu'ils auraient pu neutraliser le tireur fou plus rapidement s'ils avaient été armés.

Malgré le danger évident, l'un des gardes de sécurité, Samearn Son, a eu le réflexe d'abaisser le canon de l'arme du tireur Zehaf Bibeau vers le sol. Un coup de feu est parti et M. Son a été blessé à une jambe. Ce geste qualifié d'héroïque par plusieurs témoins a permis de ralentir la course du tireur fou et de donner suffisamment de temps aux gardes armés pour prendre une position de tir. Cela a aussi permis à des employés du parlement de se cacher.

«Ce sont les gardes de sécurité de la Chambre des communes qui ont fait le gros du boulot, et non pas les policiers de la GRC», a-t-on fait valoir dans les rangs des gardes de sécurité.

Il a été impossible, hier, d'obtenir les commentaires du président de l'Association des employés du service de sécurité de la Chambre des communes, Roch Lapensée.

Une semaine après les tragiques événements, les députés de toutes les formations politiques ont remis les pieds dans l'endroit où ils se trouvaient quand la fusillade a éclaté. Plusieurs d'entre eux ont admis ressentir de vives émotions en repensant à ce qu'ils ont vécu la semaine dernière.