Des milliers de Canadiens ont salué avec émotion, vendredi, le passage de la dépouille du caporal Nathan Cirillo, tué par balle cette semaine à Ottawa, alors que le cortège roulait doucement sur l'«Autoroute des héros» jusque chez lui, à Hamilton.

Le convoi a quitté un salon funéraire d'Ottawa en début d'après-midi pour un périple d'environ six heures. Le corbillard, escorté de motos et de voitures de la police, a plus tard emprunté l'autoroute 401, comme les convois qui ramenaient jadis le corps des militaires morts en Afghanistan de la base militaire aérienne de Trenton jusqu'à Toronto. À ces occasions, il n'était pas rare de voir des citoyens venus sur les viaducs pour saluer le passage des soldats morts au combat.

Des dizaines de personnes - ils étaient jusqu'à 500 sur un viaduc près de Kingston - se sont rassemblées pour voir le cortège du caporal Cirillo défilé. Certains ont entonné spontanément l'hymne national et ont brandi des drapeaux canadiens.

À un endroit, des employés d'Ontario Hydro avaient rapproché les nacelles de leur camion pour former un coeur dans lequel flottait l'unifolié.

Un peu plus loin, des pompiers avaient garé leur camion sur le viaduc et soulignaient le passage du convoi en se tenant au garde-à-vous et en faisant le salut militaire ou policier.

Des policiers de Hamilton et des membres du régiment Argyll & Sutherland Highlanders du Canada, dont faisait partie le caporal de 24 ans, escortaient sa dépouille, jusqu'à son arrivée à Hamilton en soirée.

La septuagénaire Gwen Barron faisait partie de la foule qui lui a rendu hommage en chemin.

«J'ai été là chaque fois qu'un soldat revenait à la maison et (cette fois) est importante [...] Je suis triste. Ils méritent notre admiration. Autrement, comment leurs familles sauront qu'on prend cela à coeur?», a-t-elle fait valoir.

Nathan Cirillo qui a été abattu mercredi alors qu'il montait la garde devant le Monument commémoratif de guerre, à Ottawa. Le tireur a ensuite été tué après être entré dans l'édifice du Centre du parlement.

Deux jours plus tôt, l'adjudant Patrice Vincent, âgé de 53 ans, avait été intentionnellement happé par une voiture dans le stationnement d'un centre commercial de Saint-Jean-sur-Richelieu, en Montérégie. Il a plus tard succombé à ses blessures, et son agresseur, Martin Couture-Rouleau, a été abattu par la police.

La dépouille du caporal Cirillo sera exposée dimanche et lundi dans un salon funéraire de Hamilton, et les funérailles seront célébrées mardi en la cathédrale Christ's Church. Celles de l'adjudant Vincent auront lieu le samedi suivant, en la cathédrale de Longueuil, a indiqué vendredi sa famille, qui en a profité par ailleurs pour apporter son soutien aux proches du caporal Cirillo, mais aussi à la famille Couture-Rouleau.

Le ministère de la Défense nationale avait demandé vendredi aux citoyens qui seraient sur le parcours du convoi funèbre du caporal Cirillo d'avoir une pensée pour les deux militaires tués cette semaine.

Des registres de condoléances pour les proches du caporal Cirillo ont par ailleurs été mis à la disposition des citoyens à Ottawa et à Hamilton, alors que les témoignages de sympathie fusent à la garnison des Highlanders, devant sa résidence et sur les médias sociaux.

Une campagne de souscription pour venir en aide aux proches du caporal Cirillo et de son frère d'armes Branden Stevenson, qui montait la garde avec lui au monument d'Ottawa, avait presque atteint vendredi midi son objectif de 200 000 $, avec notamment une contribution de 100 000 $ des cinq grandes banques canadiennes.

La famille du caporal Cirillo a remercié les Canadiens pour leur appui vendredi, tout en rendant hommage à leur proche.

«L'appui de la nation en ces temps difficiles nous réconforte et aide presque à rendre tout cela supportable [...] Nathan aurait rempli ce devoir même s'il savait qu'une telle tragédie allait arriver», ont-ils écrit dans une déclaration lue par un membre de son régiment, vendredi.

Les proches de la famille de l'adjudant Vincent se sont aussi confiés dans un communiqué, soulignant «le grand vide» qu'allait laisser son départ.

«Servir, pour lui, c'était sa façon de faire une différence dans le monde», ont-ils conclu.

Plus tôt vendredi, la garde d'honneur a été rétablie au Monument commémoratif de guerre, en présence du premier ministre Stephen Harper et de nombreux citoyens. L'état-major de la défense avait décidé de retirer cette garde d'honneur après la tragédie de mercredi.

Les funérailles de l'adjudant Vincent se tiendront à Longueuil

Les funérailles de l'adjudant Patrice Vincent, ce militaire tué lorsque Martin Couture-Rouleau a lancé sa voiture contre lui, lundi, à Saint-Jean-sur-Richelieu, auront lieu le samedi 1er novembre à la cathédrale de Longueuil.

La famille du militaire de 53 ans a diffusé un communiqué vendredi dans lequel elle dit avoir appris «avec beaucoup de tristesse et un grand choc» la mort subite de M. Vincent.

La déclaration souligne que l'adjudant était «fier de servir au sein des Forces armées canadiennes» et qu'il était «un bon vivant, très apprécié de tous».

Les membres de sa famille en ont également profité pour transmettre leur soutien à la famille et aux proches du caporal Nathan Cirillo, abattu mercredi à Ottawa alors qu'il montait la garde devant le Monument commémoratif de guerre.

Dans un geste d'une grande générosité, la famille ajoute que ses pensées vont également «à la famille Couture-Rouleau qui traverse des moments difficiles».

Sans surprise, la famille demande aux médias et à la communauté de respecter son intimité et indique qu'elle n'a pas l'intention de s'adresser aux médias, préférant plutôt se concentrer sur la création d'une éventuelle page Facebook en mémoire de Patrice Vincent pour y poster des informations, des photographies personnelles ainsi que de son parcours dans les Forces armées.

Photo fournie par les Forces armées canadiennes

Patrice Vincent, tué dans l'attentat perpétré lundi