Les habitués du parlement fédéral le voient défiler chaque jour: il porte l'épée et transporte la masse en or dans la Chambre des communes, symbole de l'autorité royale. Or, Kevin Vickers a démontré hier que le rôle du sergent d'armes n'est pas que symbolique.

Plusieurs témoins affirment que cet homme de 58 ans a abattu le tireur qui s'est introduit dans l'enceinte parlementaire. Un geste de bravoure qui a instantanément transformé M. Vickers en héros national.

«Les députés et leur personnel doivent leur sécurité, même leurs vies, au sergent d'armes Kevin Vickers, qui a abattu le tireur à l'extérieur de la salle de caucus des députés», a indiqué le député néo-démocrate Craig Scott sur son compte Twitter.

«Je suis en sécurité et plein de reconnaissance pour le sergent d'armes Kevin Vickers et les forces de sécurité pour leurs gestes désintéressés qui ont assuré notre sécurité», a renchéri le conservateur Julian Fantino.

L'attentat d'Ottawa a été suivi avec une attention toute particulière à Miramichi, au Nouveau-Brunswick, la ville où M. Vickers est né.

C'est là qu'habite toujours sa mère, Monica, qu'il a contactée hier matin pour l'assurer qu'il se portait bien.

«Je me sens très bien, a indiqué Mme Vickers, qui s'est brièvement entretenue avec La Presse, hier. Dieu merci, il est en sécurité!»

La soeur du sergent d'armes, Mary Rawlinson, n'est pas surprise du geste de son frère. Elle le décrit comme un policier assidu, passionné, qui s'est toujours consacré à son travail.

«Je crois que Kevin, avec son sens du devoir, aurait voulu faire la meilleure chose pour tout le monde, a-t-elle dit. C'est un leader naturel.»

Une affaire de famille

La police est une affaire de famille chez les Vickers. Le fils de Kevin, Andrew, est constable à la police de Miramichi. Il a été honoré par la Ville, en 2011, après s'être aventuré dans une rivière pour sauver une femme de la noyade.

Le maire de Miramichi, Gerry Cormier, connaît bien les deux hommes. Il rencontre Kevin Vickers régulièrement lorsque celui-ci rend visite à sa famille au Nouveau-Brunswick.

«C'est un honneur pour nous et un honneur pour lui, a-t-il confié en entrevue. Ce qu'il a fait, ça en fait un héros national.»

Kevin Vickers a servi pendant 29 ans à la Gendarmerie royale du Canada avant de travailler auprès du lieutenant-gouverneur du Nouveau-Brunswick, puis de la Chambre des communes. Il a dirigé les opérations policières lors de la crise de Burnt Church, en 1999, lorsque des tensions entre des pêcheurs blancs et autochtones ont dégénéré en affrontements.

Il a également été responsable de la sécurité lors des voyages de la reine Élisabeth II et du prince Andrew.

Comme sergent d'armes, M. Vickers veille à la sécurité du président de la Chambre des communes. Il réglemente la circulation sur la colline du Parlement, embauche des agents de sécurité et entretient des contacts avec différents corps de police et de renseignements.

En 2011, il a été honoré par le World Sikh Organisation pour avoir refusé de bannir le port du kirpan à la Chambre des communes. Il avait pris l'initiative de permettre explicitement le port de ce signe religieux après que l'Assemblée nationale l'eut interdit à Québec.

Peu après sa nomination, en 2006, il a déclaré au Telegraph-Journal vouloir éviter que la colline parlementaire se transforme en château fort comme la Maison-Blanche à Washington. Il a dit souhaiter que les parents puissent continuer à lancer des frisbees avec leurs enfants sur la pelouse.

«Aux États-Unis, la sécurité prime sur tout, a-t-il déclaré au quotidien. Je ne crois pas que ce soit la manière canadienne.»