Ammar Wahid, ce jeune homme d'origine pakistanaise que Zainab a épousé et divorcé aussitôt en mai 2009, ne croit pas que c'est son manque d'argent qui a déplu à la famille de la jeune femme. «Je n'étais pas le gars de leur choix, c'est tout. C'est culturel», a fait valoir le jeune homme, ce matin, alors qu'il témoignait au procès des Shafia, à Kingston.

Ammar Wahid parle en connaissance de cause, car ses propres parents étaient contre son mariage avec Zainab, et ont d'ailleurs refusé d'y assister. Ceci parce que sa mère avait déjà décidé de le marier avec une jeune fille qu'elle lui avait choisie, au Pakistan.  Une jeune fille de même culture que la sienne. Lui, soutient qu'il n'avait aucune intention d'épouser cette inconnue.  Arrivé au Canada dans les années 90, le jeune homme qui a aujourd'hui 26 ans, dit vouloir épouser la personne de son choix.

Ammar Wahid et Zainab Shafia se sont connus à l'école St-Pius X en 2008. Il lui a envoyé un poème dans une carte de Saint-Valentin, en février 2008, car il la trouvait jolie. Ils se sont fréquentés pendant quelques semaines, avant que la jeune femme ne soit retirée de l'école par ses parents. Ceux-ci ne voulaient pas qu'elle fréquente de garçon. Pendant presqu'un an, il ne l'a pas revue. Puis, à un certain moment, elle a repris contact avec lui, et ils ont recommencé à se voir. Il l'a aidée à fuir la maison familiale en avril 2009, car c'était son souhait à elle. Zainab est allée dans une maison pour femmes en difficultés. Elle en est ressortie quand sa mère lui a assuré qu'elle pourrait épouser Ammar. Ce dernier admet qu'il n'était pas prêt à se marier. Il n'avait pas de travail, avait emprunté de l'argent à un ami pour pouvoir vivre dans un motel pendant le premier mois après leurs épousailles. On sait que le mariage a été annulé le lendemain de la célébration, sans avoir été consommé.

Zainab devait ensuite épouser un cousin. Les avocats de la défense ont surpris le témoin, ce matin, en lui faisant écouter un appel au 9-1-1 que Zainab a fait, le 5 juin 2009. Elle s'y plaignait d'être harcelée par Ammar, son ex-ami de coeur, qui menaçait de la kidnapper. Ammar Wahid a affirmé qu'il n'avait jamais menacé Zainab. La défense l'a abondamment questionné à ce sujet. Le jeune homme se montrait d'autant plus étonné que Zainab lui avait envoyé un courriel passionné par la suite. À la toute fin, la procureure de la Couronne a fait ressortir que Zainab avait confié qu'elle ne craignait pas Ammar, et que c'est sa mère qui avait insisté pour qu'elle appelle la police.

Le procès se poursuit cet après-midi. Rappelons que Mohamamad Shafia, son épouse Tooba et leur fils Hamed sont accusés des meurtres prémédités des soeurs Zainab, 19 ans, Sahar, 17 ans, Geeti, 13 ans, et Rona, 53 ans, première épouse de Mohammad Shafia. Les quatre victimes ont été trouvées noyées dans une Nissan au fond de l'écluse de Kingston Mills, le 30 juin 2009.