Des jumelles posant pour les revues Playboy et un groupe de défense des droits des animaux ont essayé de convaincre l'une des plus grandes stars mondiales de la pornographie à piéger Luka Rocco Magnotta, l'an dernier.

Ron Jeremy a raconté à La Presse Canadienne qu'il s'était fait demander de mener en bateau Magnotta, acteur pornographique de petite envergure, et de l'inciter à se présenter à Los Angeles pour un faux contrat de figuration dans un film XXX.

Le complot a été échafaudé plus d'un an avant que Magnotta ne devienne le suspect numéro un du Service de police de la Ville de Montréal dans le meurtre sordide de Jun Lin, un étudiant de l'Université Concordia.

Plutôt que de rencontrer Ron Jeremy, prolifique acteur qui a joué dans plus de 2000 films pour adultes, Magnotta devait être pris au piège par un groupe de militants pour la défense des droits des animaux. Mais Ron Jeremy s'est désisté et la combine est tombée à l'eau.

À l'époque, des défenseurs des animaux alléguaient que Magnotta tuait des chatons avant de mettre en ligne les vidéos de ses actes, des accusations rejetées par le principal intéressé.

Ron Jeremy, qui a déjà été porte-parole de groupe People for the Ethical Treatment of Animals (PETA), milite activement pour la défense des droits des animaux, et souhaitait apporter son aide mais n'était pas à l'aise avec l'idée de servir d'appât dans cette affaire.

«Ce n'est pas vraiment dans mon registre, voyez-vous. C'est un peu comme un épisode d'une émission de télévision. Le gars s'amène avec son tube de lubrifiant dans une main et son engin de l'autre, pensant qu'il a un boulot, et les policiers le jettent au sol. C'est bon pour les films, mais ça ne marche pas dans la vraie vie», a-t-il affirmé en entrevue avec La Presse Canadienne à propos du plan élaboré en janvier 2011.

Le mois dernier, Magnotta a été accusé du meurtre au premier degré relativement à l'assassinat et au démembrement de Jun Lin, 33 ans, dans une affaire survenue en mai. Il a plaidé non coupable devant un tribunal de Montréal.

L'idée de coincer Magnotta avec un faux contrat a été élaborée par un groupe de militants à la défense des animaux, Rescue Ink, basé dans le quartier Queens à New York. L'organisation compte entre autres membres des policiers, du personnel de l'armée et de simples citoyens aux bras tatoués.

Rescue Ink a fait appel à des connaissances de Ron Jeremy pour entrer en contact avec lui; d'anciens mannequins pour Playboy, les soeurs Sia et Shane Barbi.

La sommité de la pornographie ignorait, jusqu'à une récente conversation avec un reporter, que Magnotta était depuis peu accusé de meurtre.

«J'ai dit à Sia que j'étais prêt à faire des choses et aider, faire des messages d'intérêt public ou peu importe ce que ça prendrait. Mais je ne suis pas un agent d'application de la loi. Comment je fais pour attraper quelqu'un?», a lancé Ron Jeremy, âgé de 59 ans.

L'acteur, qui a aussi réalisé près de 300 films pornographiques, devait inviter personnellement Magnotta à participer à un tournage hollywoodien de film pour adultes.

Des collaborateurs de Rescue Ink l'auraient alors attendu dans l'ombre pour coincer Magnotta, avant de le remettre aux autorités.

Sia Barbi a affirmé que l'acteur avait d'abord été intéressé à participer à leur combine, même s'il savait que Magnotta ne semblait intéressé que par les films de pornographie gai ou bisexuelle.

«Ron Jeremy a dit: "Je ne fais rien d'autre que de la porno hétérosexuelle". Je lui ai alors répliqué: "Ron, restons concentrés tu veux. Nous ne voulons pas l'embaucher, nous voulons l'arrêter", s'est rappelée Sia Barbi en entrevue téléphonique.

Mais au fur et à mesure qu'il en apprenait sur le rôle qu'il jouerait, Ron Jeremy s'est dégonflé, a-t-elle ajouté. Les soeurs Barbi et Rescue Ink avaient émis des inquiétudes quant à la possibilité que le tueur de chatons puisse aussi s'en prendre aux humains.

«Je pense que ça l'a un peu effrayé. C'est juste devenu un peu terrifiant pour nous tous», a mentionné Sia Barbi.

Rescue Ink pouvait entrer en contact directement avec Magnotta à l'époque par l'entremise de l'une de leurs collaboratrices, et le groupe avait amassé des preuves à transmettre à la police.

Photo: PC

Les soeurs Barbi.