Au premier jour de sa plaidoirie, qu'il a annoncée longue, Me Pierre Poupart a demandé au jury chargé de juger Guy Turcotte, de résister au danger de simplifier une «situation éminemment complexe». 

«Il n'y a personne qui connaît le dossier comme vous. Et quoi qu'on ait pu vous susurrer à l'oreille, il est de votre devoir de mettre tout ça de côté», a lancé l'avocat, en faisant allusion à la «vindicte publique», qui condamne sans connaître toutes les complexités du dossier.

Guy Turcotte est accusé des meurtres prémédités de ses enfants. Il admet avoir tué Olivier, cinq ans, et Anne-Sophie, trois ans, le 20 février 2009, alors qu'il était séparé depuis trois semaines d'avec sa conjointe, Isabelle Gaston. Au procès, il a présenté une défense de non-responsabilité criminelle. Me Poupart a signalé que le fardeau de la défense était de démontrer cette non-responsabilité par «prépondérance des probabilités», alors que le fardeau de la Couronne est de prouver la culpabilité «hors de tout doute raisonnable».

Les trois experts qui ont évalué l'état mental de Guy Turcotte au moment des faits ont tous dit qu'il souffrait d'un trouble d'adaptation avec humeur dépressive. Ils ne s'entendent pas sur la responsabilité mentale de l'accusé. Les deux psychiatres présentés par la défense évaluent qu'il était trop troublé pour apprécier pleinement la portée de ses actes, alors que celle de la Couronne estime qu'il savait ce qu'il faisait.

«Il n'y a rien de malsain, ni de pathologique, dans le fait que des psychiatres arrivent à des conclusions différentes. Dans tous les domaines, il y a des positions différentes qui émanent de professionnels de bonne foi», a fait valoir Me Poupart. 

S-T: Lacunes?

L'avocat a ensuite entrepris de relater les témoignages des témoins. Il s'est attardé sur ce qu'il considère comme des lacunes dans la preuve de la Couronne.  Pourquoi n'a-t-on pas analysé le vomi de Guy Turcotte? «Est-ce parce qu'on voulait nier qu'il avait pris du méthanol?» Pourquoi n'a-t-on pas analysé telle tache? Aucune analyse n'a été effectuée au sous-sol, «indigne d'intérêt» a lancé l'avocat, avec des reproches dans la voix.

L'avocat avance qu'une preuve plus complète aurait pu aider à mettre une chronologie sur le drame, puisque M. Turcotte n'a que des flashs. «Il vous appartient de situer dans le temps et dans l'espace ce qui a pu se produire». 

«Je ne m'acharne pas pour m'acharner, je m'acharne parce que je veux comprendre», a tonné Me Poupart, devant une salle bondée.

M. Turcotte a bu du méthanol pour se suicider, a rappelé l'avocat. Il y avait du sang sur le bidon, mais pas sur le bouchon. Ce qui démontre que l'accusé a bu du lave-glace avant, et après la mort des enfants, soutient Me Poupart, qui continuera sa plaidoirie, mercredi.