Avec sa médication et sa psychothérapie, Guy Turcotte se sent plus solide que jamais. Et s'il demande sa remise en liberté en attendant son second procès, c'est qu'il a le droit de le demander, qu'il voudrait se rendre utile en faisant du bénévolat plutôt que perdre son temps en prison.

C'est ce qui se dégage du témoignage que M. Turcotte a livré ce matin, dans le cadre de sa requête pour remise en liberté. Longiligne et amaigri, M. Turcotte a répondu aux questions des avocats des deux parties,  d'une voix trainante, mais manifestement sans détour. 

Sans le sou, l'ex-cardiologue vivrait d'aide sociale s'il était remis en liberté.  «Je m'en accommode, je n'ai pas le choix», a-t-il dit, avant d'expliquer qu'il a été médecin spécialiste pendant peu de temps, et qu'il n'avait jamais eu un gros train de vie. 

M. Turcotte a été en liberté totale pendant onze mois, en 2013. Il a fait du bénévolat, et est sorti abondamment en public, sans que rien ne lui arrive de fâcheux. Une seule fois, il a été abordé dans un centre d'achats par une femme qui l'avait reconnu, et qui a été agressive avec lui. Il a ajouté qu'il avait rencontré la soeur de son ex-conjointe lors de cet incident, et qu'elle était venue lui parler. 

M. Turcotte a admis qu'il avait «plongé» dans la dépression après la décision de la Cour d'appel, en novembre dernier, qui ordonnait qu'il subisse un nouveau procès. Il a été incarcéré à Saint-Jérôme, où il a été la cible de harcèlement et menaces d'autres détenus.

Contre-interrogé au sujet de cet épisode de dépression, par le procureur de la Couronne René Verret, M. Turcotte a signalé qu'il avait durement appris certaines choses, et que pendant sa liberté, il avait recommencé à avoir des contacts sociaux et se refaire une vie. «Je me voyais tout perdre ça à nouveau.»

M. Turcotte s'estime plus solide que jamais et se dit outillé pour faire face à d'éventuels moments de déprime.  Il veut continuer sa psychothérapie et a un numéro de téléphone qui lui permet de joindre sa psychologue entre les rendez-vous.

La Couronne n'a pas présenté de témoins.

Guy Turcotte avait admis au premier procès qu'il avait tué ses deux enfants, Anne-Sophie, trois ans, et Olivier, cinq ans. Cette admission fera partie du deuxième procès. Au moment de plaider, l'avocat de la défense Pierre Poupart a indiqué que cet aspect n'avait jamais été un enjeu, mais a dit que M. Turcotte a une défense valable à faire valoir. Il a demandé au juge André Vincent de ne pas céder à la vindicte populaire.