Isabelle Gaston, dont les deux enfants ont été assassinés par son ex-conjoint, Guy Turcotte, vient de lancer une pétition pour demander un meilleur traitement des parents d'enfants victimes d'actes criminels. Déjà, plus de 2800 personnes se sont rendues sur le site de l'Assemblée nationale pour soutenir sa demande, au lendemain de sa sortie publique contre la peine de mort.

La pétition en ligne depuis le 1er février souligne que «pour un parent, il n'y a pas pire crime que celui de se faire tuer son enfant». On y demande que les parents soient considérés comme des victimes, au même titre que leur enfant, et qu'ils aient droit à une meilleure compensation financière durant leur réadaptation. La pétition est parrainée par le député de Prévost Gilles Robert.

Dans une entrevue diffusée dimanche à Tout le monde en parle, Isabelle Gaston avait jugé insuffisants les 3000$ offerts pour les funérailles. Les 10 séances de consultation avec un psychologue «sans possibilité de prolongation» lui paraissent également trop peu.

Cette pétition coïncide avec sa sortie publique contre la peine de mort. La femme éprouvée par le double homicide de ses enfants en février 2009 a refusé d'endosser la controversée déclaration du sénateur Pierre-Hughes Boisvenu qui réclamait cette semaine que «chaque assassin ait droit à sa corde dans sa cellule».

«Ça va surprendre bien du monde, mais, la peine de mort, je ne suis pas pour ça. Je crois fermement à la réhabilitation», a-t-elle répondu à une question de l'animateur Guy A. Lepage. La femme a affirmé tenir cette certitude de l'un de ses proches ayant purgé 20 ans de prison et dont elle juge la réhabilitation complète aujourd'hui.

Le souci des victimes

Pour soutenir ses dires, Isabelle Gaston a d'ailleurs ajouté que «même Guy Turcotte peut être réhabilité». Ne digérant toujours pas le verdict de son ex-conjoint, déclaré non criminellement responsable au terme de son procès, la femme estime toutefois qu'une réhabilitation est seulement possible pour les criminels ayant reçu une sanction.

Seule critique envers le processus de réhabilitation, Isabelle Gaston estime qu'on oublie trop souvent l'impact que les sanctions peuvent avoir sur les victimes de crimes. «On a oublié quelque chose dans la balance. On réhabilite la personne qui a agressé, mais pas la victime. Pour réhabiliter une victime, il faut la croire. Et je pense qu'une sanction, c'est le début d'une guérison pour une victime», a indiqué l'urgentologue. Elle a jugé trop légères certaines sanctions, notamment pour son ex-conjoint.

Contre la libération de Turcotte

Isabelle Gaston a de nouveau plaidé contre la libération de Guy Turcotte alors que celui-ci doit à nouveau être entendu en mars par la Commission d'examen des troubles mentaux pour obtenir son congé de l'Institut Philippe-Pinel. «Personne ne va me convaincre que cette personne n'est pas dangereuse», a-t-elle laissé tomber. La femme a ajouté craindre pour sa vie s'il obtient sa libération. Elle espère également que l'appel du verdict soit entendu, se disant convaincue qu'il y a eu erreur.

Dans son entrevue parsemée de lourds silences, Isabelle Gaston a révélé avoir fait la demande pour devenir famille d'accueil auprès de la Direction de la protection de la jeunesse. Elle dit attendre sous peu un enfant. «Cet enfant a une place spéciale dans mon coeur. Il me donne de l'espoir», a-t-elle confié, précisant qu'il s'agissait d'un projet qu'elle caressait depuis longtemps. Elle tente également d'avoir un enfant avec son nouveau conjoint et être présentement en processus de fertilisation. «Quand on est tout petit, on s'imagine notre vie plus tard et, moi, je l'imaginais avec des enfants. Maintenant que j'y ai goûté, je ne peux pas m'en passer.»

Lien vers la pétition :

https://www.assnat.qc.ca/fr/exprimez-votre-opinion/petition/Petition-2499/index.html