Avec le traditionnel rideau noir, les tables et les chaises judicieusement placées sur la scène et les fauteuils rembourrés dans la salle, on se serait presque cru au théâtre, vendredi, dans l'auditorium de l'Institut Philippe-Pinel. Mais pour la centaine de personnes venues assister à l'audience de Guy Turcotte devant la Commission d'examen des troubles mentaux, le coup de théâtre s'est produit dès le lever de rideau l'audience n'aurait pas lieu. Elle était remise au 4novembre en raison d'une nouvelle information acheminée au Tribunal administratif du Québec.

C'est le président de la Commission, Me Médard Saucier, qui a annoncé ce report après avoir présenté chacun de ses collègues. L'assistance a accueilli la nouvelle avec désappointement, d'autant plus que la journée avait été marquée par une certaine confusion à la guérite et un retard de plus d'une heure et demie sur l'horaire prévu par la suite. L'assistance était composée de nombreux représentants des médias et de citoyens intéressés par l'affaire Turcotte pour différentes raisons.

L'audience devait débuter à 13h. Vers 14h40, tout le monde était finalement installé dans l'auditorium. Rachel Gaston, grand-mère maternelle des petites victimes, était la seule représentante de ce côté de la famille. On a su qu'il y avait anguille sous roche quand la famille de Guy Turcotte, qui occupait toute une rangée à l'avant, a été invitée à sortir de la salle avant le début de l'audience. Par la suite, les cinq membres de la Commission sont arrivés sur la scène et se sont assis à une longue table.

Me Saucier a fait les présentations et a expliqué qu'une information importante acheminée la veille au Tribunal administratif nécessitait des vérifications avant que l'on puisse procéder à l'audience. Les procureurs, tant ceux de M.Turcotte que ceux de la Couronne, avaient été mis au courant, et ils étaient d'accord pour remettre l'audience, a-t-il dit. La date la plus rapprochée qui convienne aux principaux intéressés est le 4novembre, a précisé Me Saucier, avant d'ajouter que l'audience nécessiterait une journée complète.

On ne connaît pas la nature de l'information qui a interrompu le processus, mais elle aurait été envoyée par courrier, manifestement par une femme, selon MeJean-Claude Hébert, porte-parole du Tribunal administratif dans le dossier Turcotte.

Délai dépassé

Rappelons qu'au terme de son procès, le 5 juillet dernier, M.Turcotte a été déclaré non criminellement responsable du meurtre de ses deux enfants, Olivier, 5ans, et Anne-Sophie, 3ans. Le drame est survenu le 20 février 2009, dans un contexte de séparation. M.Turcotte, qui était cardiologue, a poignardé ses enfants à plusieurs reprises et a bu du lave-glace pour se suicider. Il souffrait d'un trouble de l'adaptation avec anxiété et humeur dépressive, ont conclu les psychiatres qui l'ont évalué. Le verdict, rendu par un jury, a suscité bien des critiques dans la population.

La Commission d'examen des troubles mentaux doit décider du sort de M.Turcotte. Trois options sont ouvertes libération sans conditions, libération avec conditions ou internement en institution psychiatrique. Normalement, la Commission doit rendre sa décision au plus tard 90jours après le verdict. En l'occurrence, ce délai sera évidemment dépassé. Me Hébert a indiqué que cela ne cause pas de problème puisque la seule personne qui aurait pu s'en plaindre est M.Turcotte lui-même. Or, ses avocats, Mes Pierre et Guy Poupart, ont consenti au report.