Le procès du cardiologue Guy Turcotte est particulièrement éprouvant. Certains détails difficiles à supporter sont dévoilés jour après jour par notre journaliste. Nous préférons vous en avertir.   * * *

(Saint-Jérôme) Guy Turcotte était «en rupture de contact avec la réalité», quand il a poignardé à mort ses enfants, le 20 février 2009. La psychiatre Dominique Bourget a maintenu cette affirmation, hier, malgré le feu nourri des questions de la Couronne, qui s'est employée à démontrer le contraire, au procès de M. Turcotte.

Dans le rapport d'expertise qu'elle a rédigé à la demande de l'avocat de l'accusé, la psychiatre a noté que M. Turcotte «ne garde qu'un souvenir flou de ses gestes». La procureure de la Couronne Marie-Noëlle Tremblay trouve illogique qu'un homme en perte de contact avec la réalité soit capable de se souvenir de choses aussi précises que la position qu'il avait quand il a poignardé son fils, du mot exact que l'enfant a prononcé en gémissant («noooon»)...

«Vous êtes toujours à l'aise avec le mot «flou»?», a demandé Me Tremblay.

«Il n'a pas la notion que son fils était éveillé. Il dit qu'il a paniqué, qu'il a donné encore des coups. Ce sont des images, il se voit avec les deux mains sur le couteau à côté du lit. Ce sont des flashs, c'est un peu à la limite de la personnalisation. On peut même se poser des questions sur la justesse de ces flashs. Il n'était pas en état de penser normalement», a répondu la Dre Bourget.

Me Tremblay a beaucoup questionné la Dre Bourget sur le fait que son rapport ne contient pas de détails qui auraient pu desservir sa position. La psychiatre, qui a donné de très longues réponses aux questions de Me Tremblay, a souvent répété qu'elle ne pouvait pas tout mettre dans un rapport, ou que ces détails n'étaient pas si importants pour le tableau clinique. Elle est d'avis que, d'un point de vue médical, M. Turcotte n'était pas responsable de ses gestes lorsqu'il les a commis, en raison de sa maladie mentale. Elle a diagnostiqué un état dépressif et hautement suicidaire, auquel s'ajoutait un facteur d'intoxication au méthanol. À la fin de la journée, hier, les deux parties ont annoncé qu'elles n'avaient plus de questions pour la Dre Bourget.

Le procès se poursuit aujourd'hui avec un autre témoin de la défense, psychiatre lui aussi.

Rappelons que Guy Turcotte, cardiologue de profession, est accusé du meurtre prémédité de ses enfants, Olivier, 5 ans, et Anne-Sophie, 3 ans, qu'il a poignardés à de multiples reprises. Il venait de se séparer de sa femme, Isabelle Gaston, elle aussi médecin. Il admet les faits; le procès, qui en est à sa septième semaine, vise à déterminer son état mental au moment des meurtres pour évaluer sa responsabilité criminelle.