Alertée il y a plus d'un an par des employées qui font face à des gestes à caractère sexuel répétés dans ses bibliothèques, la Ville de Longueuil a décidé hier d'installer des caméras.

Ce sont les témoignages de six commis de bibliothèque publiés hier dans Le Courrier du Sud qui ont forcé la Ville à réagir. Des employés y racontent, en toute confidentialité, avoir vu des hommes se masturber, installés devant les ordinateurs mis à la disposition des usagers. Il y aurait également eu des commentaires à connotation sexuelle, des contacts non sollicités et même du harcèlement.

Des employées disent souffrir de stress, d'insomnie et sont inquiètes au travail. Elles critiquent l'«insouciance», l'«indifférence» et l'«incompréhension» de leur employeur. Certaines auraient été invitées à garder le silence.

La Ville a été prévenue de la situation lors d'une rencontre d'employés du secteur des bibliothèques au printemps 2017.

Les premiers signaux auraient été lancés deux ans auparavant. Mais il aura fallu attendre plusieurs mois avant de voir la direction générale prendre des mesures concrètes.

En pleine campagne électorale municipale, et dans la foulée du mouvement #metoo, une lettre de 17 employées du réseau des bibliothèques a été envoyée à la mairie. Dans les semaines suivantes, un comité de travail regroupant des représentants de l'employeur et des employés a été créé afin de trouver des solutions.

Un plan de travail a été mis en place en février dernier : formation offerte à tout le personnel sur les façons d'« intervenir auprès d'une clientèle avec des comportements harcelants ou hostiles » ; affichage invitant la clientèle à faire preuve de civilité; ouverture d'un registre des usagers suspendus.

Hier, le porte-parole de la Ville, Louis-Pascal Cyr, a reconnu qu'il y avait eu des gestes qui créaient de grands malaises, allant de regards appuyés à des frôlements en passant par la consultation d'images lascives sur les ordinateurs ou des commentaires déplacés aux commis de bibliothèques. «Il est inacceptable que les agissements d'une minorité viennent empoisonner le quotidien de nos employés. Nous avons déjà pris plusieurs mesures à cet effet, et manifestement, nous devons aller plus loin», a déclaré M. Cyr.

Tolérance zéro

Dans ce nouvel esprit de tolérance zéro, la direction générale fera installer des caméras dans chacune des huit bibliothèques. Dans l'immédiat, il n'y a pas d'échéancier prévu, mais Louis-Pascal Cyr donne l'assurance que «ce sera fait rapidement pour rétablir un climat de travail sain».

De plus, la Ville adoptera une politique d'exclusion «plus robuste». Il ne s'agira plus seulement de répertorier les individus faisant l'objet de plaintes répétées, mais bien de les exclure du réseau des bibliothèques de Longueuil.

M. Cyr souligne également que la direction de la Ville rencontrera les employés qui le souhaitent au cours des prochains jours. L'objectif est de les informer des actions choisies pour «assurer à tous un milieu de travail exempt de harcèlement».