Des Québécois ont passé la nuit d'hier à aujourd'hui devant les locaux du ministère de l'Immigration afin de s'assurer que leur demande de parrainage de réfugiés syriens soit parmi les 750 qui seront acceptées pour étude dès la réouverture du programme aujourd'hui.

La file d'attente devant les bureaux du ministère de l'Immigration, de la Diversité et de l'Inclusion du Québec (MIDI) a commencé vers 16h, hier. Le premier sur place est arrivé avec une chaise et de quoi passer la nuit dans la rue. «On n'a pas le choix d'être ici si on veut être sûr que notre demande passe», a-t-il confié, vers 21h.

Derrière lui, à cette heure-là, neuf autres personnes attendaient rue Notre-Dame, certaines sur de petites chaises, d'autres munies de leur sac de couchage.

Depuis janvier 2017, le volume important de demandes de parrainage de réfugiés syriens a forcé le MIDI à arrêter momentanément le programme. Dès aujourd'hui, les demandeurs pourront de nouveau soumettre leur dossier.

Les portes ouvrent ce matin à 8h30. En tout, 750 dossiers de parrainage seront étudiés par le Ministère. Seulement 100 pourront être déposés par des particuliers qui souhaitent parrainer un groupe de deux à cinq personnes. C'est surtout les parrains pour cette catégorie de dossier qui étaient en file hier. «On imagine qu'il va y avoir bien plus que 100 personnes, donc je m'assure de ma place pour que le messager prenne ma place demain», explique une dame, cinquième en ligne, installée dans une chaise pliante.

Stratégie commune

Tous ont la même stratégie : attendre leur messager, qui prendra la relève pour déposer leur dossier. Car aucun dossier remis en mains propres ne sera accepté, les documents devront obligatoirement être déposés par service de messagerie.

«Moi, il est là avec moi déjà», a lancé une femme, pointant l'homme à ses côtés. Elle a payé le messager pour la nuit, afin d'être certaine que sa demande soit parmi les premières déposées.

«Le fait de devoir venir faire la ligne comme ça démontre qu'il n'y a pas assez de place pour les demandes de parrainage», a observé une jeune femme, assise sur son sac de couchage, à côté d'une amie. «Ceux qui n'auront pas notre chance vont devoir attendre une autre année, a-t-elle ajouté. Mais on parle de réfugiés, et beaucoup d'entre eux ne peuvent pas attendre un an.»

«Chacun pour soi»

«Je ne suis vraiment pas confiante, j'ai peur qu'administrativement, ce soit le chaos demain», a avoué une des personnes en ligne. Autour d'elle, plusieurs ont hoché la tête, en signe d'approbation.

Elle a également indiqué craindre un grand désordre à l'ouverture des portes du ministère. «On ne sait pas ce qui va arriver quand la file va s'étendre et qu'il y aura plus de demandes que ce qu'ils vont accepter.»

«Ce que je trouve dommage, c'est que ça nous oblige à être chacun pour soi, pour s'assurer sa place, alors qu'on veut tous aider des gens», ajoute une autre dame, à ses côtés.

Hier soir, les quelques personnes en file ont inscrit leur nom, en ordre sur une feuille, pour avoir une liste de leur ordre d'arrivée. «C'est très informel, on ne sait même pas si ça va être respecté», s'est-elle inquiétée.

«Je pense que le Ministère fait de son mieux, a quant à lui affirmé le premier citoyen dans la file. Mais ça pourrait être mieux organisé, c'est certain, car la demande est vraiment très haute par rapport au nombre de places. Beaucoup de dossiers se sont accumulés depuis l'arrêt du programme.»

Patrick Sanfaçon, La Presse

Des gens qui désirent parrainer des familles de réfugiés syriens ont attendu toute la nuit en file pour l'ouverture d'un bureau gouvernemental ce matin.