Inquiète de voir les projets immobiliers se multiplier sur des terres cultivables près des villes, l'Union des producteurs agricoles (UPA) veut faire de l'étalement urbain un véritable enjeu durant la campagne électorale.

En entrevue, le président du syndicat d'agriculteurs indique qu'il va demander aux différents partis de s'engager en faveur d'un resserrement de la Loi sur la protection du territoire et des activités agricoles. L'UPA veut que Québec accorde plus de pouvoirs à la Commission du territoire agricole (CPTAQ) pour protéger les terres autour des grands centres urbains, comme à Montréal.

« À Montréal, ça continue de se développer, ça continue de se dézoner, ça continue de construire, constate le président de l'UPA, Marcel Groleau. On doit renforcer la Loi autour de Montréal, autour des centres urbains, parce que c'est vraiment là que la pression est exercée. Et peut-être qu'on pourrait trouver le moyen de donner un peu d'air dans les municipalités en région. »

« C'est sûr qu'on va entendre les chefs de parti lors de leur passage au Conseil général de l'UPA les 5 et 6 septembre », ajoute M. Groleau.

Le Conseil canadien d'urbanisme a publié lundi une étude qui constate la croissance soutenue de l'étalement urbain au pays. De plus en plus de Canadiens vivent dans des banlieues où règne l'automobile, toujours plus loin des services de transports en commun. Cette croissance démographique dans des zones très peu densifiées augmente la pression sur les terres agricoles.

L'étude d'une centaine de pages conclut que l'étalement urbain progresse partout au pays, malgré les politiques en faveur de la densification mises en place par les villes. Lundi, la mairesse de Montréal, Valérie Plante, a demandé à Québec et à Ottawa d'agir pour contrer le phénomène.

« Je trouve ça très intéressant, la position de Valérie Plante, parce que nous, on a cette réflexion-là depuis un certain temps. »

- Marcel Groleau

La Communauté métropolitaine de Montréal (CMM) s'est dotée en 2012 d'un plan d'aménagement notamment pour contrer l'étalement. Mais l'UPA estime que 1000 hectares de terres agricoles sont visées par des projets sur le territoire de la CMM ou juste à l'extérieur. À Québec, la Ville veut faire dézoner 567 hectares pour éventuellement permettre la construction de 8220 maisons.

La CPTAQ est responsable d'accorder ou de refuser les demandes de dézonage des terres agricoles. Mais selon l'UPA, la Commission est assaillie de demandes dans les zones suburbaines et périurbaines. « C'est très difficile pour la Commission de résister autour des grands centres urbains. La pression est énorme. Il faut un frein. Le problème est réellement là », dit Marcel Groleau.

Au Québec, seulement 4,7 % du territoire est propice à l'agriculture.

MENACES DE DÉZONAGE PRÈS DE MONTRÉAL

Dans la région de Montréal, l'UPA s'oppose notamment à un dézonage de 25 hectares pour faire place à un nouvel hôpital à Vaudreuil-Dorion. La CPTAQ, dans un avis au gouvernement, s'est dite défavorable au dézonage. Elle a suggéré d'autres endroits, sur des terres qui ne sont pas agricoles, où l'hôpital pourrait être érigé.

Le gouvernement sortant a toutefois déclaré qu'il allait aller de l'avant sur des terres agricoles malgré l'avis de la CPTAQ. Dans son rapport, la Commission se disait inquiète que la construction de l'hôpital en territoire agricole ne mène à d'autres projets commerciaux autour, comme ç'a été le cas à l'hôpital Pierre-Le Gardeur, à Terrebonne.

L'UPA dénonce aussi le prolongement de l'autoroute 19 à Laval, ainsi que le dézonage envisagé à Mirabel pour construire une gare. Selon le syndicat, il s'agit de mesures qui vont favoriser l'étalement urbain.

« Pour nous, la gare de Mirabel ne fait pas partie d'un plan pour résoudre les problèmes d'engorgement du réseau. C'est un plan pour Mirabel. Le prolongement de la 19, c'est un projet, mais ça ne fait pas partie d'un plan, se désole Marcel Groleau. Il faut limiter l'étalement urbain, il faut vraiment le limiter. Sinon, on ne règle rien. »