Qu'il y ait ou non des répercussions sur la gestion de la Ville de Laval, la crise politique à l'hôtel de ville est une chicane de famille qui doit se régler au sein du Mouvement lavallois, estime le chef du parti et maire Marc Demers.

«Des chicanes de famille, ça se règle en famille et pas sur la place publique», a affirmé hier à La Presse M. Demers.

Ce dernier a refusé de préciser si une réunion du caucus des élus du Mouvement lavallois en présence d'un médiateur est prévue cette semaine, comme il l'a proposé pour tenter de ramener au bercail les 10 élus dissidents de son équipe. «Je ne vous en parle pas. Sujet clos», a-t-il tranché.

Il a également été impossible de savoir s'il avait réussi à joindre un à un les dissidents. Le meneur du groupe, le conseiller municipal David De Cotis, ne nous a pas rappelée.

Comme l'a révélé La Presse vendredi dernier, c'est l'intervention de Marc Demers lors du choix des candidats aux différents postes au comité exécutif du Mouvement lavallois qui a provoqué l'indignation de plusieurs élus. Ces derniers ont signé une déclaration sous serment qui a été envoyée à M. Demers mercredi matin.

Crise politique

De fil en aiguille, le problème a pris de l'ampleur et mardi soir dernier, un groupe d'élus du Mouvement lavallois a tenté de prendre le contrôle du conseil municipal avec l'aide des deux élus des partis de l'opposition. Les dissidents ont ainsi réussi à remanier la composition du comité de vérification de la Ville.

La séance du conseil a toutefois été ajournée jusqu'au lendemain. Le maire Demers et ses alliés ne se sont pas présentés à l'assemblée qui a été reportée au lendemain matin. Le même scénario s'est reproduit jeudi : Marc Demers et les élus qui lui sont restés fidèles ont encore boycotté le conseil municipal. Mais cette fois, les dissidents n'étaient plus neuf mais dix à être du même côté. Avec l'appui de l'opposition, Marc Demers a perdu sa majorité.

Du coup, le groupe de dissidents a adopté des propositions et des avis de motion qui modifient certaines façons de faire, dont les nominations.

Marc Demers n'a pas voulu commenter ces répercussions aujourd'hui. «À la prochaine réunion du conseil, on verra. Mais pour l'instant, on n'en parle pas», a-t-il précisé hier.

Certaines décisions devaient obtenir la signature du maire avant hier matin. Au moment de publier, on ignorait si le maire y avait donné son appui. Selon la Loi sur les cités et villes, les résolutions devront donc être soumises à nouveau au conseil municipal.

Diffamation

La Presse a croisé M. Demers à la sortie d'une salle d'audience du palais de justice de Laval. M. Demers subit un procès civil en diffamation à l'endroit d'un ancien conseiller municipal de son équipe.

En effet, Pierre Anthian a engagé une poursuite contre M. Demers et le Mouvement lavallois pour atteinte à sa réputation en 2016. C'est à ce moment-là que le parti du maire avait publié un communiqué de presse pour se dissocier «des manigances» de M. Anthian.

Il s'agissait alors d'une réaction à une mise en demeure que M. Anthian venait de recevoir de la part de l'Accueil Bonneau, un organisme pour itinérants. Le Mouvement lavallois y affirmait que l'élu avait fait de l'«exploitation de la détresse humaine» à des fins personnelles.

Entre 1996 et 2002, M. Anthian a dirigé la Chorale de l'Accueil Bonneau. Par la suite, il a poursuivi les activités de la chorale sous un autre nom. Son travail a été majoritairement bénévole.

À la barre des témoins hier, Pierre Anthian a dit avoir été «terrassé par de tels propos». «C'est une vendetta politique», a-t-il affirmé, avant de rappeler que d'autres élus de l'équipe du maire Demers ont connu des épisodes judiciaires sans avoir eu de dénonciation publique par un communiqué de presse.

Il est prévu que Marc Demers témoigne aujourd'hui.