Amnistie internationale et la Ligue des droits et libertés se disent «extrêmement préoccupés» par la présence de carabines semi-automatiques de type AR-15 entre les mains de policiers anti-émeute de la Sûreté du Québec (SQ), lors de la manifestation d'hier en marge du Sommet du G7.

«Ce qui nous préoccupe le plus, c'est de voir que les policiers équipés de ces armes d'assaut ne sont pas vraiment en retrait des pelotons; ils se trouvent avec les policiers qui portent d'autres armes de contrôle de foule. Quand t'es un citoyen, et que tu viens manifester légitimement dans les rues, tu ne fais pas la différence, tu ne sais pas ce qui pourrait justifier leur utilisation», affirme Nicole Fillion, coordonnatrice de la mission d'observation conjointe de la Ligue des droits et libertés et Amnistie internationale.  

La Presse révélait ce matin qu'au moins deux policiers anti-émeute de la SQ portant des masques à gaz et un habit de contrôle de foule étaient équipés d'armes de type AR-15 au sein de pelotons de contrôle de foule. Le corps policier refuse d'indiquer depuis quand de telles armes sont utilisées dans le cadre de manifestations, mais reconnait que leur utilisation est «assez récente» dans ce contexte. «Ces policiers armés dans le positionnement du peloton ont pour but de protéger nos troupes et la population», a justifié le sergent Louis-Philippe Bibeau, de la SQ, lorsque La Presse a tenté d'avoir plus d'explications jeudi soir.  

Selon différentes sources, les armes en question seraient des C8, une version militaire du AR-15 dont les Forces armées canadiennes ont cédé plus de 200 exemplaires à la SQ ces derniers mois, selon Radio-Canada. De nombreux corps policiers nord-américains ont fait l'acquisition d'armes de guerre tactiques semblables ces dernières années, justifiant notamment les risques liés au terrorisme. Les AR-15 et autres carabines construites autour de la même plateforme sont des armes de faible calibre, mais dont les projectiles ont une très forte vélocité. Elles ont une plus grande portée et sont beaucoup plus précises que les pistolets de service 9mm que portent les policiers en tout temps, même lors des manifestations. 

«Les policiers nous disent qu'il ne faut pas être surpris, que ces armes sont là pour protéger les policiers et la foule s'il y avait une attaque terroriste ou un tireur fou, mais ils refusent de nous donner les règles d'utilisation», dénonce Mme Fillion.

La Sûreté du Québec reconnaît que certains policiers étaient équipés d'armes longues lors de la manifesation d'hier, mais refuse d'en dire davantage. «Ils n'ont pas voulu nous dire le nombre de fusils d'assaut qu'il ont déployés. Ils refusent aussi de donner les règles d'engagement et ça, c'est parfaitement troublant», ajoute Mme Fillion. 

La mission d'observation de la Ligue des droits et libertés et d'Amnistie internationale compte des dizaines d'observateurs neutres sur le terrain à Québec et Charlevoix dans le cadre du Sommet du G7. Les rapports qu'ils rédigent seront colligés et serviront à la rédaction d'un rapport sur l'intervention policière.