Interdire le recours à des images de marque sur des produits comme des t-shirts compliquerait l'éradication du marché noir du cannabis, ont fait valoir lundi des producteurs autorisés de la substance.

Vendredi dernier, le Sénat a amendé le projet de loi C-45 pour interdire l'utilisation d'images de marque sur des articles promotionnels qui ne sont ni des accessoires pour les consommateurs ni les emballages du produit lui-même.

Le projet de loi sur la légalisation du cannabis doit être soumis jeudi à un vote final au Sénat, avant d'être renvoyé à la Chambre des communes.

Cette version amendée suscite toutefois la grogne de l'industrie.

Allan Rewak, de l'association Cannabis Canada, signale que cette mesure «injustifiée» pourrait avoir des conséquences inattendues. En vertu de l'amendement, aucune image de marque ne pourra apparaître sur les dépliants promotionnels ou même la signalétique commerciale, souligne celui qui représente 80 % des producteurs de cannabis autorisés au pays.

L'un deux, Tantalus Labs, argue que des articles promotionnels tels que des casquettes permettent de différencier les produits homologués de ceux issus du marché noir.

«Nous aurons besoin de toutes les armes possibles», avance son directeur général, Dan Sutton.

Par ailleurs, le projet de loi C-45 interdit déjà de faire la publicité du cannabis à la télévision et à la radio traditionnelle.

De plus, selon les directives de Santé Canada, l'emballage des produits devra être d'une seule couleur uniforme, sans visuel autre que le logo et un avertissement de santé.

La sénatrice Judith Seidman, qui a proposé l'amendement controversé, déplore déjà la «prolifération» de produits qui attirent l'attention des jeunes, comme des sacs à dos ornés des logos de producteurs de cannabis.

Mais pour détourner les consommateurs du marché noir après la légalisation du cannabis, prévue plus tard cette année, les producteurs autorisés devront pouvoir se faire connaître dans certaines limites, martèle le chef de la direction d'Aurora Cannabis, Cam Battley.

«Personne dans le secteur du cannabis légal ne veut qu'il soit consommé par des mineurs, pas plus que l'on veut que des jeunes consomment de l'alcool ou des psychotropes sous ordonnance, lance-t-il. On ne peut pas en dire autant de ceux qui gèrent le marché noir.»