Frustrés d'être tenus à l'écart de la future Société québécoise du cannabis (SQC), les 5500 employés de la SAQ distribueront au cours du long week-end 100 000 tracts dans les succursales de la société d'État pour vanter leur approche responsable auprès des jeunes et de la « clientèle difficile ».

« Depuis plus de 50 ans, vous nous faites confiance pour protéger les jeunes du Québec contre l'achat d'alcool dans les SAQ... Nous pouvons le faire aussi pour le cannabis ! », plaide le Syndicat des employés de magasins et de bureaux de la SAQ (SEMB-SAQ), dans un tract que La Presse a obtenu.

En pleines négociations pour le renouvellement de leur convention collective échue depuis un an, les 5500 syndiqués se sont vu interdire, dans le projet de loi 157 (Loi constituant la Société québécoise du cannabis), d'être à la fois membres du personnel de la SAQ et de celui de la future Société québécoise du cannabis. Après négociation, le gouvernement a accepté d'adopter un amendement à la loi qui permettra aux travailleurs d'occuper des emplois distincts dans les deux sociétés d'État, mais refuse catégoriquement que les employés puissent passer de l'une à l'autre au sein du même emploi.

« Ça n'a aucun bon sens que la SAQ agisse ainsi. Plus de 70 % de nos membres travaillent à temps partiel et pourraient très bien aller faire des heures à la Société québécoise du cannabis sans que la direction n'ait à embaucher de personnel supplémentaire », dénonce Katia Lelièvre, présidente du SEMB-SAQ. Les employés syndiqués réclament aussi que le réseau de livraison utilisé par la future Société québécoise du cannabis soit le même que celui de la SAQ.

« En créant ainsi une nouvelle société d'État pour la vente de cannabis, le gouvernement dépensera des sommes qui ne seront pas investies dans la prévention et l'éducation de la population face à la consommation de drogues et d'alcool, et plus particulièrement auprès des jeunes », dénonce le tract.

Ni le gouvernement ni la SAQ n'ont encore clairement défini le rôle que joueront les « préposés en vente » employés de la future Société québécoise du cannabis.

Le projet de loi à l'étude à Québec spécifie qu'il leur sera interdit de laisser entrer des mineurs dans les magasins, de fournir gratuitement du cannabis à des fins promotionnelles, ou encore de donner une remise en cadeau pour fidéliser la clientèle. Les conseillers de la SQC devront aussi être titulaires d'une « attestation confirmant la réussite d'une formation relative à la vente de cannabis » dont les détails seront dictés par règlement. Tout porte à croire que cette formation sera donnée à l'interne.

Une vérification d'antécédents menée par la Sûreté du Québec sera aussi obligatoire dans les 30 jours suivant l'embauche, selon les termes actuels du projet de loi. Le projet de loi fédéral prévoit déjà qu'il sera interdit à ces conseillers de fournir de l'information trompeuse ou autre chose que de l'information strictement factuelle aux consommateurs.

En Ontario, la LCBO a déjà dévoilé l'image d'affaires de ses futurs Ontario Cannabis Stores. Comme au Québec, les employés de la LCBO pourront y travailler, mais les deux entités auront des listes de paie distinctes, indique la société d'État ontarienne.

Document fournie par le SEMB-SAQ

Le tract du Syndicat des employés de magasins et de bureaux de la SAQ concernant la vente de cannabis.