L'arrivée prévue du directeur de la police de Saint-Jérôme, qui devait travailler à l'« intégrité des processus de promotion », aurait suscité la grogne parmi les cadres de la police montréalaise.

Nommé par Martin Prud'homme il y a un peu plus d'une semaine conseiller stratégique dans le processus de promotion des cadres du Service de police de la Ville de Montréal (SPVM), le directeur de la police de Saint-Jérôme, Danny Paterson, ne remplira jamais son mandat.

La Presse a en effet appris que, jeudi dernier, M. Paterson et le directeur par intérim et administrateur provisoire du SPVM, Martin Prud'homme, avaient décidé d'un commun accord de mettre fin au prêt de service annoncé par communiqué par la police de Saint-Jérôme le vendredi 16 mars, mais rapporté discrètement par les médias.

Selon nos informations, il semble que l'arrivée à ce poste de M. Paterson, un policier « de l'extérieur », ne faisait pas le bonheur de certains cadres du SPVM, qui l'ont fait savoir et ont laissé planer l'ombre d'une vieille histoire concernant M. Paterson.

Il y a quatre ans, en effet, un dimanche matin, M. Paterson a été intercepté par des patrouilleurs du SPVM alors qu'il roulait à très grande vitesse, à 91 km/h dans une zone de 50 sur la voie de desserte de l'autoroute Côte-de-Liesse, en direction de l'aéroport Trudeau, où il allait chercher son fils. 

Les patrouilleurs ont constaté que le véhicule banalisé appartenait à la police de Saint-Jérôme. M. Paterson a confirmé que c'était le cas, mais il ne s'est pas identifié comme policier, encore moins comme le chef de la police de Saint-Jérôme. Les policiers lui ont remis un constat d'infraction d'environ 500 $. Son permis de conduire a été suspendu pour sept jours et le véhicule n'a pas été remorqué, selon ce qu'on nous a raconté.

FORTE RÉSISTANCE

À la demande de M. Prud'homme, Danny Paterson serait devenu conseiller stratégique à l'Unité de l'intégrité des processus de promotion et de formation du SPVM pour une période de deux ans. La création de ce poste répond à l'esprit des recommandations du rapport de l'enquête administrative de Me Michel Bouchard sur les affaires internes du SPVM et a pour objectif de mettre fin à la culture des « promotions des amis » à des postes stratégiques. L'entente administrative entre les polices de Montréal et Saint-Jérôme devait durer deux ans et M. Paterson devait commencer le 3 avril.

Mais devant la « forte résistance » manifestée par certains cadres, M. Paterson serait devenu moins enthousiaste à l'idée d'occuper cet emploi. Il a rencontré jeudi Martin Prud'homme et les deux hommes auraient décidé de mettre fin à la relation.

L'affaire de l'excès de vitesse, qui risquait de sortir, alimentée vraisemblablement par l'appréhension et le mécontentement de certains entourant les nominations et l'important mouvement de cadres annoncés vendredi, était également devenue « une roche dans le soulier » pour le chef par intérim du SPVM.

« M. Paterson devait venir au SPVM pour rassurer les cadres sur l'intégrité du processus de promotion. Ça aurait mal commencé », a dit un policier, sous le couvert de l'anonymat.

Lorsqu'on lui a demandé de commenter les informations de La Presse, l'inspecteur Ian Lafrenière, porte-parole du SPVM, a simplement confirmé qu'il n'y avait plus de prêt de service avec la police de Saint-Jérôme.

M. Paterson est un expert en dotation. Il a passé sept ans comme personne-ressource à l'École nationale de police de Nicolet, où il a notamment été évaluateur pour les promotions de cadres et dans la formation. Il a été aussi concepteur de scénarios de mises en situation pour des policiers en processus de promotion pour l'Université du Québec à Trois-Rivières. Il a obtenu trois certificats et une maîtrise en administration publique à l'ENAP.

Il n'a pas voulu commenter publiquement nos informations, mais un porte-parole de la police de Saint-Jérôme nous a confirmé qu'il n'y avait plus de prêt de service, que M. Paterson demeurait à son poste, qu'il n'a finalement jamais quitté.

DES HEUREUX ET DES MALHEUREUX

Certains prévoient qu'à la suite de cet épisode, il sera difficile pour Martin Prud'homme de choisir une autre personne de l'extérieur pour encadrer le processus de promotion des cadres, comme il l'a fait avec Sylvain Caron (ex-Sorel-Tracy et SQ) et Lyne Carbonneau (ex-GRC), nommés respectivement à la tête des Enquêtes et des Normes professionnelles.

La Presse a appris que des cadres faisaient état de leur mécontentement depuis l'arrivée de Martin Prud'homme en décembre. En revanche, il semble y en avoir au moins autant de satisfaits. Une chose est sûre, La Presse reçoit moins de messages de dénonciateurs à l'interne, ce qui doit vouloir dire qu'on laisse au moins la chance au coureur.

Pour ce qui est des policiers et policières de la base, selon les échos reçus, ils sont en général heureux, notamment des mouvements de cadres annoncés vendredi dernier. Des sources considèrent que des officiers d'un même clan au sein du SPVM ont été dispersés dans des fonctions moins stratégiques à la suite de ce mouvement.

« Rendu au niveau des commandants et plus haut, c'est politique, cela ne nous touche pas beaucoup, mais au moins, la situation est stabilisée et les choses semblent vouloir repartir du bon pied », nous a confié un policier dernièrement.

Pour joindre Daniel Renaud, composez le 514 285-7000, poste 4918, écrivez à drenaud@lapresse.ca ou écrivez à l'adresse postale de La Presse.

Photo tirée du site internet du journal Le Nord

Danny Paterson