Parce que les fugues ne constituent pas un problème que dans les centres jeunesse de Laval, et qu'il ne suffit pas de «barrer les portes» pour empêcher les jeunes de fuguer, le gouvernement consacrera désormais 11 millions de dollars chaque année dans la prévention du phénomène dans tous les centres de la province.

Le montant servira surtout à épauler le personnel qui s'occupe des jeunes plutôt que d'augmenter les services à ces derniers. Il s'ajoute aux sommes déjà annoncées, notamment pour améliorer l'accès aux soins psychologiques des jeunes en centre de réadaptation, a expliqué cet après-midi la ministre de la Protection de la jeunesse, Lucie Charlebois.

En octobre dernier, le gouvernement a adopté le projet de loi 99 qui permet désormais aux centres jeunesse de verrouiller leurs portes et d'exiger que des jeunes à risque de fugue présentent une passe pour sortir du centre, au lieu de les envoyer directement en unité d'encadrement intensif.

«Mais je ne veux pas qu'on pense qu'il suffit de barrer les portes des centres pour régler le problème», a dit Mme Charlebois. «Ici, c'est un milieu de vie. Les jeunes ont le droit d'aller à l'école, de visiter leurs parents, de se rendre dans des organismes communautaires.»

La mesure la plus concrète du plan annoncé aujourd'hui concerne l'ajout de 63 postes de superviseurs cliniques qui épauleront les éducateurs qui travaillent auprès des jeunes. «Parce que c'est beau, l'engagement, mais les éducateurs aussi ont besoin d'être soutenus», a expliqué Mme Charlebois.

Dix-sept postes d'agents de liaison, soit un par région québécoise, seront aussi créés pour assurer le partage d'informations entre les centres. La collaboration entre partenaires concernés par le phénomène des fugues, qu'ils soient des milieux sociaux ou policiers, sera également améliorée, promet la ministre.

L'annonce a été accueillie tièdement par les éducateurs présents à la conférence de presse.

«C'est une annonce très administrative», reconnaît Caroline L. Simoneau, de l'Alliance du personnel professionnel et technique de la santé et des services sociaux. «À part l'annonce de l'ajout de postes d'agents de liaison et de superviseurs cliniques, je ne peux dire exactement quels seront ses effets.»

«L'ajout de superviseurs cliniques n'est pas une mauvaise chose, ça supporte le travail de l'éducateur, a commenté le représentant syndical Pierre-Luc Carrier. Mais encore faut-il que l'éducateur puisse faire le travail clinique.»

«Le lien avec les jeunes, c'est l'éducateur qui le fait», a expliqué M. Carrier. «La supervision clinique n'enlève pas les coupes qu'il y a eu ces dernières années.»