Dans le contexte actuel des dénonciations d'agressions sexuelles et à quelques jours de la Journée internationale des femmes, le 8 mars, plusieurs groupes oeuvrant auprès des femmes violentées ont annoncé dimanche la formation d'un nouveau regroupement, la Coalition féministe contre la violence envers les femmes.

Le regroupement veut faire pression sur le gouvernement et les partis politiques afin qu'ils prennent en compte les besoins des femmes victimes de violence, en cette année électorale au Québec. Il souhaite mettre en lumière le phénomène et encourager la mise en place de politiques adéquates pour y faire face.

La coalition rassemble une quinzaine d'organismes venant en aide aux femmes victimes de violence conjugale ou d'agression sexuelle, et de celles souffrant de maladies mentales, étant handicapées, sourdes, immigrantes, issues de la diversité sexuelle, itinérantes ou autochtones, notamment.

Le financement des ressources d'aide aux victimes est inadéquat, selon la coalition. Aucune somme récurrente n'a été investie dans les Centres pour victimes d'agressions sexuelles depuis presque dix ans, a lancé la porte-parole du Regroupement des centres d'aide et de lutte contre les agressions à caractère sexuel, Stéphanie Tremblay, en entrevue avec La Presse canadienne.

Mme Tremblay a déploré ne pas avoir vu la couleur de la portion des 17 millions $ dédiés aux organismes qui luttent contre le harcèlement et les agressions sexuelles qu'a annoncé l'automne dernier le gouvernement du Québec dans la foulée du mouvement  MoiAussi. Elle a ajouté que l'octroi de cette somme répartie sur trois années provoque de l'incertitude.

Les organismes souhaitent voir une volonté politique face au problème de la violence conjugale et des agressions sexuelles.

L'enjeu est également monétaire. Ces violences coûtent 12 milliards $ annuellement au Canada, selon une étude du ministère fédéral de la Justice publiée en 2009.

«Investir massivement, au bout du compte, ça va faire épargner de l'argent au gouvernement», a souligné la directrice de la Fédération des maisons d'hébergement pour femmes, Manon Monastesse.

Mme Monastesse a souligné au passage que les 36 maisons que représente son organisme affichent un taux d'occupation moyen de 93 pour cent.

«Ça fait des années qu'on propose des solutions et qu'elles restent lettre morte», a lancé, exaspérée, la porte-parole du Regroupement des maisons pour femmes victimes de violence conjugale, Louise Riendeau.

Elle réclame notamment des services d'interprétation pour les femmes qui parlent mal le français et l'anglais, l'adaptation des maisons pour les femmes handicapées, une diminution des délais dans les systèmes de justice.