Les Autochtones souhaitent que Québec et Ottawa leur fournissent plus de ressources en vue de la légalisation du cannabis, afin de faire plus de prévention dans leurs communautés, qui agissent souvent en réaction face au problème de la drogue.

Des représentants de l'Assemblée des Premières Nations du Québec et du Labrador (APNQL) étaient à l'Assemblée nationale, mardi, pour présenter leur mémoire lors de l'étude, en commission parlementaire, du projet de loi 157 encadrant la légalisation de la substance.

Devant les parlementaires, le chef de l'APNQL Ghislain Picard a appelé les gouvernements à partager les recettes fiscales avec les gouvernements locaux pour «lutter efficacement contre les effets associés à la légalisation du cannabis».

L'APNQL voudrait également que le gouvernement lui fournisse des ressources pour surveiller les effets de la légalisation sur les Premières Nations, où le cannabis est la drogue la plus consommée, selon Marjolaine Sioui, directrice générale de la Commission de la santé et des services sociaux des Premières Nations du Québec et du Labrador.

L'APNQL demande aussi au gouvernement provincial d'emboîter le pas à Ottawa en soutenant davantage financièrement les services de police autochtones qui devront s'adapter à la légalisation de la substance.

«On a toujours insisté sur le besoin qu'on puisse avoir des services policiers minimalement comparables avec ce qui existe ailleurs, alors que c'est loin d'être le cas», a souligné M. Picard.

«Ça affecte le service comme tel. On ne peut pas parler d'un service essentiel, on ne peut pas parler d'un service à la hauteur des besoins.»

L'APNQL prône aussi la formation d'un sous-comité autochtone dans le comité de vigilance du gouvernement afin d'étudier les spécificités des communautés des Premières Nations et des Inuits.

«Quand on regarde le mandat du comité de vigilance, ce qu'on voudrait c'est qu'il soit adapté avec un sous-comité pour traiter des questions d'une façon particulière, selon les réalités du milieu», a expliqué Mme Sioui.

Dans son mémoire, M. Picard a aussi appelé le gouvernement à respecter le droit à l'autonomie gouvernementale des Premières Nations «dans tous les aspects couverts par le projet de loi».

L'article 56 du projet de loi prévoit que le gouvernement peut conclure des ententes avec les nations autochtones sur les dispositions de la loi pour s'adapter à leur réalité.

Interrogé par le député péquiste Sylvain Pagé sur la volonté des Premières Nations de conclure de telles ententes, M. Picard a dit que la «question demeurait ouverte».

«Il y a des communautés qui ont déjà signifié publiquement que ce sera tolérance zéro au niveau de leur territoire. Donc dans ce cas-ci, on ne parle même pas du projet de loi et on parle encore moins de son article 56», a-t-il mentionné.

«Il y a des communautés qui ont manifesté leur volonté de se doter de leur propre cadre réglementaire au niveau local, est-ce que ce sera en marge de 56? Je n'ai pas de réponse à apporter de ce côté-là. Le défi demeure entier.»