Plus des deux tiers des municipalités du Québec n'ont pas de plan de mesures d'urgence à jour, estime le ministère de la Sécurité publique (MSP), qui planche sur un nouveau cadre pour mieux se préparer au pire dans la foulée des inondations du printemps dernier.

Adoptée en 2001, la Loi sur la sécurité publique oblige les municipalités à établir un plan pour réagir à une crise ou une catastrophe naturelle, en consignant par exemple les numéros de téléphone du personnel à joindre en cas d'urgence.

Or, lors de la crue des eaux en avril et mai 2017, des intervenants déploraient sur le terrain que les plans et procédures dans certains secteurs contenaient de l'information périmée.

« Le ministère de la Sécurité publique estime que 30 % des municipalités du Québec possèdent un plan de mesures d'urgence à jour », a confirmé cette semaine une porte-parole du MSP, Louise Quintin.

La situation est problématique, estime Luc de la Durantaye, directeur général de l'Association des chefs en sécurité incendie du Québec.

« Les municipalités ne sont pas à l'abri d'une catastrophe, et d'élaborer un plan de mesures d'urgence avec les moyens appropriés pour faire face à tous les risques [...] va définitivement changer le cours des choses dans les premiers temps d'un événement. C'est indéniable. »

« C'est excessivement important. Ça peut sauver des vies », a ajouté M. de la Durantaye.

Le Ministère n'a pas été en mesure de fournir une liste des municipalités dont le plan n'est pas à jour. Les villes de Montréal, Laval et Gatineau, qui disposent d'un plan d'urgence, ont par contre refusé de fournir à La Presse une copie de la portion de ce plan qui touche spécifiquement aux inondations.

Selon Marc Guay, vice-président de l'Association de sécurité civile du Québec, la problématique est par contre beaucoup plus fréquente au sein des plus petites municipalités, qui n'ont pas nécessairement les ressources pour élaborer une telle planification.

Plan d'action

Le gouvernement du Québec a présenté récemment une proposition de règlement pour clarifier certaines obligations des villes pour se préparer aux sinistres « majeurs ou imminents », et dont les critères sont déjà utilisés par le MSP pour évaluer leur état de préparation.

Le ministre de la Sécurité publique, Martin Coiteux, a aussi annoncé en décembre lors d'un bilan sur les inondations qu'il adopterait un plan d'action d'ici au mois d'avril afin de mieux réagir à de tels incidents à l'avenir. Une réponse plus efficace pour les sinistrés et une meilleure communication avec les villes font partie des mesures envisagées. En décembre, 120 familles étaient toujours hébergées dans des hôtels.

M. Guay espère que ces mesures seront aussi accompagnées de plus de ressources pour aider les municipalités, en particulier les plus petites, à se préparer en vue de catastrophes potentielles. « Dans le fond, c'est plus de ça que les municipalités ont besoin. Les contraintes réglementaires, c'est correct. Mais elles ont surtout besoin d'aide. »

EN CHIFFRES

• 100 millions: Somme de l'aide versée jusqu'ici aux sinistrés

• 6000: Nombre de demandes d'aide présentées par des sinistrés auprès du gouvernement

• 120: Nombre de familles toujours hébergées dans des hôtels

• 290: Nombre de municipalités touchées par les inondations du printemps

• 4000: Nombre d'évacuations forcées par la crue des eaux