Même s'il n'y a toujours pas un gramme de cannabis vendu légalement au Canada, le bras de fer pour s'accaparer des revenus de la vente se poursuit de plus belle.

Après le gouvernement du Québec, qui réclame plus que la moitié des revenus de taxes du cannabis promis par Ottawa, voilà que les villes en réclament le tiers.

Le nouveau président de l'Union des municipalités du Québec (UMQ), Alexandre Cusson, fait valoir que les villes devront assumer une part importante des dépenses et de la gestion du cannabis sur leurs territoires et qu'il est logique qu'elles participent aux revenus et non seulement aux dépenses.

«On estime qu'un partage qui serait adéquat, qui serait équitable, c'est un tiers (au fédéral), un tiers (au provincial), un tiers (aux municipalités) des revenus reliés au cannabis», a affirmé M. Cusson alors qu'il était de passage à Montréal, vendredi, pour une réunion du conseil d'administration de l'UMQ.

M. Cusson a fait valoir que la légalisation du cannabis oblige une formation spécifique des policiers qui, selon lui, peut coûter jusqu'à 10 000 $ par policier formé.

Sa vis-à-vis montréalaise, Valérie Plante, a renchéri sur cette question. «On doit s'assurer que les forces de l'ordre, que le SPVM entre autres, aient la capacité de gérer les impacts, de pouvoir suivre, embarquer dans la parade», a-t-elle fait valoir.

M. Cusson a ajouté que l'introduction de la drogue sur le marché légal a des implications pour de nombreux services municipaux dont l'urbanisme, la Cour municipale et l'aménagement du territoire, notamment.

Rouvrir des baux?

M. Cusson, qui est maire de Drummondville, a également soulevé la question des Offices municipaux d'habitation (OMH) et de l'usage du cannabis dans des logements où des résidants avec des enfants pourraient s'objecter sans pouvoir aller se loger ailleurs puisqu'ils ont besoin d'un loyer modique.

«Il y a des baux qui sont déjà signés et les baux déjà signés ne font pas référence au cannabis», a-t-il plaidé.

«Est-ce que ce sera possible de rouvrir ces baux-là ou s'il ne faudrait pas plutôt que les lois qui vont être adoptées à Québec, à Ottawa, prévoient ces situations pour permettre aux dirigeants des OMH de modifier les baux qui sont déjà signés et pour lesquels il reste une certaine durée?»

Toutes ces questions seront à l'ordre du jour mardi, lorsque l'UMQ ira présenter son mémoire sur le sujet en commission parlementaire à Québec.

D'égal à égal

Par ailleurs, la question du transport collectif est aussi au coeur des préoccupations de l'Union des municipalités.

Alexandre Cusson exige que les villes soient amenées à la table pour toutes les questions touchant le transport en commun, affirmant qu'elles doivent être traitées d'égal à égal par les paliers de gouvernement supérieurs.

«Les municipalités investissent des milliards en transport collectif, en transport en commun, donc on dit être un partenaire de gouvernement à gouvernement», a-t-il plaidé.

M. Cusson rappelle à cet effet que les municipalités ne sont pas une partie parmi d'autres dans des tables de discussion à intervenants multiples.

«On ne peut pas être à une table avec 25 autres intervenants, qui peuvent être des groupes de pression. On doit avoir cette relation privilégiée avec le gouvernement du Québec, avec le gouvernement du Canada», a insisté le président de l'UMQ.

Les problèmes de transport adapté sont également criants dans de nombreuses municipalités du Québec et il espère là aussi obtenir des solutions.

L'UMQ a demandé à rencontrer le ministre des Transports, André Fortin, et espère une réponse rapide et une rencontre dans les meilleurs délais.