La structure d'Investissement Québec (IQ), bras financier du gouvernement du Québec, a explosé. Depuis un an, le nombre de vice-présidences et de directions a considérablement augmenté, alors que le nombre d'employés ne bougeait pas.

Investissement Québec a publié son plus récent organigramme début novembre sur son site web. On y constate que l'organisme compte 16 vice-présidences et pas moins de 61 postes de directeur. Or dans le dernier rapport annuel, on comptait 10 vice-présidences et 42 postes de directeur.

>> Consultez l'organigramme d'Investissement Québec 

Pour 460 employés, le taux d'encadrement avoisine les 18 %. En 2012, après la fusion avec la Société générale de financement (SGF), Investissement Québec comptait 13 vice-présidences et 41 postes de directeur - on comptait alors 450 employés.

Par comparaison, la Banque de développement du Canada (BDC), l'organisation comparable au niveau canadien, compte 10 vice-présidents pour 2400 employés. Même si on ne retient que les vice-présidences principales à Investissement Québec, on arrive à huit postes pour les 460 employés.

Appelée à commenter cette situation, Mirabel Paquette, vice-présidente aux communications et aux affaires publiques, souligne que l'organisme fédéral compte sous les vice-présidences une longue liste de vice-présidents adjoints et une armée de directeurs que ne comptabilise pas la BDC pour établir le taux d'encadrement qu'elle diffuse.

Pour IQ, elle souligne que le taux d'encadrement « à ce jour » est de 12 %, comparable aux années précédentes. Elle souligne que dans l'organigramme publié sur le site de l'organisme, des postes de vice-président et de directeur sont susceptibles de ne pas être pourvus. Elle persiste à dire « qu'il y a présentement 13 vice-présidents », bien que l'organigramme approuvé par le conseil d'administration comporte 16 postes. Dans un premier temps, elle avait soutenu qu'il y avait 10 vice-présidences, sur la base du dernier rapport annuel.

DIRIGEANTS SUR LA VOIE D'ÉVITEMENT

Depuis la nomination de Pierre Gabriel Côté par le gouvernement Couillard, beaucoup de dirigeants ont été mis sur une voie d'évitement. C'est le cas de Chantal Malo, vice-présidente aux affaires internationales, qui avait de longs états de service à IQ. On a invité Me Marc Paquet, vice-président aux affaires juridiques, à prendre sa retraite en l'envoyant à un poste temporaire de « vice-présidence conseil » pour ouvrir tout de suite le fauteuil qu'il venait de libérer.

Dans un premier temps, elle a soutenu que le nombre de 61 cadres représentait l'ensemble des vice-présidents et des directeurs. Quand on a fait le compte avec elle des 16 vice-présidents et des 61 postes de directeurs, elle a affirmé que l'organigramme mis en ligne par l'organisme n'était « pas nécessairement à jour ». « Tout ça est évolutif ! », a-t-elle souligné.

DES MANOEUVRES SYNDICALES ?

Le climat de travail est déplorable actuellement à Investissement Québec. Plus de la moitié des employés, syndiqués avec la FTQ, sont en négociation. Les discussions sont pénibles et le réarrangement récent des espaces de travail n'a rien fait pour améliorer le climat au bureau de Montréal - le siège social d'IQ est officiellement à Québec, bien qu'il s'agisse uniquement d'une vitrine.

Mirabel Paquette n'est pas une inconnue pour le gouvernement Couillard ; elle était coprésidente du congrès à la direction qui a choisi Philippe Couillard en 2012. En 2000, elle avait été brièvement directrice des communications du PLQ. Bonne connaissance de l'ex-chef de cabinet de Philippe Couillard, Jean-Louis Dufresne, elle est la fille de l'ex-maire de Terrebonne Claude Paquette, ex-candidat libéral. 

Elle attribue les informations négatives transmises à La Presse sur IQ à des manoeuvres syndicales.

La vice-présidente aux ressources humaines, Michèle Perryman, avait sondé les employés sur leur satisfaction au travail il y a quelques mois. Les résultats n'étaient pas favorables, ont confié des sources à La Presse. Lors de la fusion avec la SGF, on avait procédé à une enquête similaire qui avait donné des résultats aussi dévastateurs, a confié un ancien cadre.

« On vient tout juste de procéder à un second sondage, au début novembre. On constate à partir des résultats préliminaires que la situation s'est améliorée », a dit Mme Paquette. Pas question toutefois de divulguer les résultats du premier ou du second sondage. 

Dans sa propre vice-présidence, Mme Paquette reconnaît que des incertitudes peuvent apparaître. Porte-parole d'IQ pendant des années, Chantal Corbeil a quitté l'organisation pour Desjardins, départ qu'on veut combler par l'addition de trois cadres - deux postes sont encore vacants dans le plus récent organigramme.