Imaginez si la mairie de Montréal avait été départagée par tirage au sort parce que Denis Coderre et Valérie Plante avaient obtenu un nombre égal de voix. Ou encore si l'ex-maire Jean Tremblay n'avait pu partir à la retraite simplement parce que personne n'aspirait à la mairie de Saguenay. Ces situations étonnantes et d'autres se sont bel et bien produites, dimanche dernier. Petit tour du Québec.

ÉGALITÉ À SAINT-AUGUSTIN

À Saint-Augustin, sur la Basse-Côte-Nord, il se peut bien que la prochaine mairesse soit choisie par un tirage au sort. Les deux candidates à la mairie se retrouvent à égalité avec 147 voix chacune. Aussi surprenant que cela puisse paraître, c'est ce que prévoit la Loi sur les élections et les référendums dans les municipalités.

Un dépouillement devant un juge de la Cour du Québec doit d'abord être exécuté, et si l'égalité est confirmée, le président d'élection procède à un tirage au sort « pour déterminer quel candidat doit être proclamé élu ». Le processus est le même si la situation survient pour un poste de conseiller, comme c'est arrivé à Escuminac en Gaspésie et à Sainte-Luce dans le Bas-Saint-Laurent.

PERSONNE AU POSTE DE MAIRE

Malgré deux appels de candidatures, personne n'a voulu prendre la relève du maire Réginald Desrosiers, à Sainte-Félicité en Gaspésie. L'homme de 69 ans doit donc repousser sa retraite et attendre la prestation de serment de son successeur, qui n'a pas encore été élu... M. Desrosiers démissionnera officiellement de son poste de maire après la préparation des budgets.

Après sa démission, une nouvelle élection pourra être déclenchée dans la municipalité de quelque 1200 âmes.

Ne pas avoir de maire à la tête d'une municipalité n'entraîne pas sa mise « sous tutelle » si le conseil municipal a le quorum. Si ce n'est pas le cas, en revanche, la ville est administrée provisoirement par la Commission municipale du Québec.

M. Desrosiers prévoit aussi nommer un maire suppléant demain parmi les conseillers nouvellement élus.

DES CONSEILS MUNICIPAUX INCOMPLETS

À Barkmere dans les Laurentides, le maire s'est retrouvé avec un seul élu à la table du conseil municipal. C'est que la municipalité de quelque 160 électeurs n'a reçu que deux candidatures conformes avant la date limite du 6 octobre. Une nouvelle élection générale a entre-temps été déclenchée et deux autres conseillers ont pu être élus par acclamation. Six candidats se disputent donc les trois derniers sièges. Le scrutin aura lieu le 3 décembre.

Mais Barkmere n'est pas la seule localité à avoir des places libres à la table du conseil. Selon l'Union des municipalités du Québec (UMQ), il y a eu 79 postes électifs pour lesquels aucun candidat ne s'est manifesté lors de la dernière élection. La situation n'est pas étrangère au peu de moyens dont disposent les petites villes, estime le président de l'UMQ, Alexandre Cusson. La tâche est « exigeante » et donne souvent lieu à des « conflits personnalisés », dit-il. Le tout accompagné d'une rémunération mince.

MARI ET FEMME... ET ÉLUS

À L'Ascension-de-Patapédia en Gaspésie, le nouveau maire compte au nombre de ses conseillers sa femme. Les deux nouveaux élus l'ont été par acclamation. Une situation peu commune, mais qui ne contrevient pas à la Loi sur les élections et les référendums dans les municipalités. À Saint-Hyacinthe, un couple briguait aussi deux sièges de conseillers. Seule la femme a été élue. À L'Ange-Gardien, en Outaouais, Sonia St-Louis a pris la relève de son conjoint, en lui succédant au poste de conseiller de leur secteur.

« Dans une capitale régionale ou en région, on fait beaucoup de choses ensemble dans nos entreprises ou dans le territoire municipal. Je trouve qu'avoir un couple, c'est un peu le reflet de ça », analyse la professeure associée de l'Université du Québec à Montréal Danielle Pilette.

« Il y a une culture du travail en couple, en famille. Cette culture-là, elle ne peut faire autrement, avec ses valeurs, que de se reproduire dans la vie communautaire », ajoute Danielle Pilette.

UNE PARTICIPATION À FAIRE RÊVER

Si certaines petites municipalités peinent à pourvoir leurs postes d'élus, d'autres n'ont pas de difficulté à faire sortir les électeurs. À Rivière-Saint-Jean sur la Côte-Nord, le taux de participation a atteint 89,6 %. De quoi faire rêver les grandes villes de la province : à Montréal, 42,5 % des électeurs se sont exprimés. La participation a également atteint 84,4 % à Marsoui en Haute-Gaspésie. « Dans un plus petit milieu, l'enjeu est souvent à cinq minutes à pied », illustre le président de l'UMQ, Alexandre Cusson.

Pour la professeure Danielle Pilette, ces fortes statistiques s'expliquent aussi par des situations bien particulières vécues parfois dans certaines municipalités. Elle cite Baie-Trinité, sur la Côte-Nord, où la participation a atteint 80,7 %. Dans cette localité de 441 électeurs, le maire sortant a démissionné dans la controverse après avoir été reconnu coupable d'agression sexuelle sur une employée municipale.

DE PLUS EN PLUS DE FEMMES

Le nombre d'élues est à la hausse au Québec. À la dernière élection municipale, ce sont 205 femmes qui ont été élues mairesses. C'est 15 de plus qu'en 2013. En tout, 2358 femmes ont aussi remporté un siège de conseiller, soit 154 de plus qu'il y a quatre ans. Depuis 2005, le nombre de femmes élues est passé de 24,8 à 32,3 %. En 2017, quelque 4046 femmes étaient candidates aux élections municipales, dont 385 aspiraient à devenir mairesses de leur municipalité.

Source : ministère des Affaires municipales et de l'Occupation du territoire