La juge en chef de la Cour suprême du Canada, Beverly McLachlin, s'est immiscée dans le débat sur les agressions sexuelles en affirmant que les plaignants et les plaignantes « doivent avoir des attentes plus réalistes par rapport à un système de justice qui doit protéger des fausses condamnations ».

Mme McLachlin s'adressait samedi dernier à un auditoire composé de plus de 200 avocats et juges. Elle recevait la médaille G. Arthur Martin, qui lui a été remise pour sa longue carrière par la Criminal Lawyers' Association, à Toronto.

« Les plaignants et les témoins doivent comprendre ce qui est exigé d'eux dans un procès et ce à quoi ils doivent s'attendre de façon réaliste », a-t-elle dit. Elle a indiqué que « bien que le système judiciaire se concentre sur les accusés, les plaignants et les victimes font aussi partie du processus ». Mme McLachlin a insisté ensuite sur le fait que « les intérêts des plaignants et des victimes doivent être conciliés avec ceux des accusés ».

Protéger les droits des accusés

Beverly McLachlin s'est montrée inquiète par rapport à la nécessité de protéger les droits des accusés. « En raison des conséquences draconiennes, le droit criminel exige depuis longtemps des normes élevées pour une condamnation. Si elle est reconnue coupable, une personne peut être en prison pendant très longtemps et perdre la chose la plus précieuse sans laquelle le reste n'a aucune valeur : la liberté. La possibilité d'une condamnation injustifiée attend toujours dans les coulisses », a-t-elle dit.

Beverly McLachlin, plus ancienne juge siégeant actuellement à la Cour suprême, n'en est pas à sa première controverse. En 1991, elle a rédigé la décision majoritaire annulant une loi fédérale contre le viol qui, à quelques exceptions près, ne permettait pas de s'interroger sur le comportement sexuel antérieur du plaignant ou de la plaignante.

Les déclarations de Beverly McLachlin interviennent au moment où le Canada est secoué par une vague d'allégations d'agressions sexuelles et de harcèlement contre des personnalités publiques, dont Éric Salvail et le fondateur du festival Juste pour rire Gilbert Rozon. Aux États-Unis, l'ancien producteur d'Hollywood Harvey Weinstein a été accusé de viol par plusieurs femmes.

- D'après The Globe and Mail