Les enquêteurs de l'équipe mixte formée à la suite des allégations de fabrication de preuve à la section des Affaires internes et des Enquêtes spéciales du Service de police de la Ville de Montréal (SPVM) ont perquisitionné jeudi soir le quartier général de la police de Montréal, rue Saint-Urbain, a appris La Presse.

Selon nos informations, cette perquisition serait liée à des informations voulant que le chef de cabinet du directeur Philippe Pichet, Imad Sawaya, ait, durant une assez longue période, réclamé des primes normalement consenties pour une fonction supérieure, de même que des heures supplémentaires, alors qu'il n'y aurait pas eu droit.

Il y a quelques mois, La Presse avait questionné M. Sawaya sur ces allégations. Ce dernier, qui se trouvait en compagnie de l'ancien numéro deux du SPVM, le directeur adjoint Didier Deramond, s'était défendu, lettres à l'appui. Il avait notamment exhibé des missives de la Ville de Montréal affirmant que les sommes versées en trop sur ses paies étaient une erreur et avait déclaré avoir remboursé la totalité des sommes perçues en trop.

Mais il y a quelques semaines, un autre cadre du SPVM a dénoncé cette situation et rencontré les enquêteurs de l'équipe mixte de la Sûreté du Québec (SQ). Hier, ceux-ci étaient à la recherche de documents leur permettant d'étoffer ces allégations.

ALLÉGATIONS D'ABUS DE CONFIANCE ET DE FRAUDE

Les enquêteurs ont particulièrement effectué des recherches au 4e étage du quartier général du SPVM, où se trouvent les dossiers physiques et informatiques de tous les employés du service de police. Ils se seraient également rendus au 9e étage, qui abrite les bureaux de la direction, et auraient également examiné des ordinateurs d'employés civils qui contiennent des informations sur les fiches de paie.

Outre le quartier général, les enquêteurs de l'équipe intégrée ont également visité le poste de quartier 38, dans l'arrondissement du Plateau-Mont-Royal, et trois autres endroits, dont une résidence.

Toujours selon nos informations, les mandats de perquisition ont été accordés pour des motifs d'abus de confiance et de fraude. 

Des ordonnances auraient également été rendues pour des comptes de banque à la Caisse d'économie des policiers et policières de Montréal.

D'après nos sources, le directeur Philippe Pichet devait participer hier soir, dans une salle de réception du nord-est de Montréal, à une soirée anniversaire de l'organisme Info-Crime en compagnie de plusieurs membres de la direction et du maire Denis Coderre. Mais il aurait changé précipitamment ses plans pour se rendre au quartier général, où il a convoqué d'urgence une réunion de son état-major.

La Presse a aussi constaté que le mot s'est passé comme une traînée de poudre hier soir dans les différentes sections du SPVM où on entendait dire « qu'il se passait quelque chose » au quartier général.

STATUT INCERTAIN

La façon de procéder de la Sûreté du Québec lors des derniers cas d'allégations envers des policiers du SPVM a d'abord été d'aviser le directeur Philippe Pichet. À quelques reprises, M. Pichet a ensuite annoncé publiquement le déplacement ou la suspension du policier visé. Mais dans ce cas-ci, le cadre n'aurait pas encore fait l'objet d'allégations officielles de la SQ et on ignorait son statut au moment d'écrire ces lignes. La Presse a posé des questions aux responsables des relations médias du SPVM hier soir, mais on ne nous a pas rappelé. Des sources nous ont dit qu'ils étaient réunis d'urgence.

Le 31 août dernier, la SQ avait avisé Philippe Pichet que l'ancien patron des Affaires internes du SPVM, l'inspecteur-chef Costa Labos, faisait l'objet d'allégations sérieuses, et le directeur a aussitôt annoncé sa suspension.

Outre M. Labos, deux autres officiers, un commandant et un directeur adjoint sont toujours suspendus avec traitement. Un commandant est déplacé administrativement alors qu'un inspecteur et un commandant du SPVM, qui avaient été suspendus au printemps dernier, ont été blanchis après l'enquête de la SQ et ont été réintégrés.

- Avec la collaboration de Vincent Larouche, La Presse

Pour joindre Daniel Renaud, composez le 514 285-7000, poste 4918, écrivez à drenaud@lapresse.ca ou écrivez à l'adresse postale de La Presse.