L'otage canadien libéré Joshua Boyle demande au gouvernement afghan de traduire en justice ses ravisseurs pour le «meurtre» de sa fille et le viol de sa femme alors qu'ils étaient en captivité.

Joshua Boyle a lu une brève déclaration aux médias vendredi soir à Toronto, après son arrivée au Canada en provenance du Pakistan après avoir été libéré vendredi par des commandos pakistanais.

Joshua Boyle a fustigé la «stupidité et la méchanceté» de ses ravisseurs pour l'avoir enlevé avec sa femme enceinte alors qu'ils aidaient «des villageois ordinaires dans les régions contrôlées par les talibans en Afghanistan.»

Il a déclaré que ses ravisseurs avaient autorisé le meurtre de sa fille, qui n'était qu'un nourrisson, en représailles car il refusait d'accepter une offre des ravisseurs.

Il a aussi indiqué qu'un des geôliers avait violé sa femme avec la complicité de ses supérieurs.

Joshua Boyle et Caitlan Coleman ont été enlevés il y a cinq ans, lors d'un voyage en Afghanistan, et ont eu quatre enfants pendant leur captivité. Mme Coleman était déjà enceinte au moment de leur enlèvement.

Le couple et leurs enfants étaient détenus par le réseau Haqqani.

Après avoir appris la nouvelle de leur libération, les parents de Mme Coleman ont affiché une déclaration sur la porte de leur maison en Pennsylvanie, écrivant qu'ils appréciaient «tout l'intérêt et les préoccupations exprimées après l'heureuse nouvelle voulant que Caity, Josh et nos petits-enfants aient été libérés après cinq longues années de captivité».

Le père de Mme Coleman a toutefois admis être furieux envers le mari de sa fille.

«D'amener une femme enceinte dans un endroit très dangereux, pour moi, et le genre de personne que je suis, c'est inacceptable», a-t-il déclaré au réseau ABC.

Selon le plus haut représentant du Pakistan au Canada, Tariq Azim Khan, l'armée pakistanaise a pris connaissance de l'endroit où se trouvait la famille grâce à des informations des services secrets américains, et a agi rapidement par la suite.

Le haut-commissaire a décrit une scène dramatique avec des échanges de coups de feu, alors que la famille était transportée dans le coffre d'une fourgonnette par ses ravisseurs. La confrontation entre le commando militaire et les ravisseurs aurait eu lieu sur une route près de Nawa Kili, dans la région de Kohat, au nord-ouest du Pakistan.

M. Boyle aurait été blessé par des éclats de métal. Il a décrit à ses parents une fusillade qui a coûté la vie à plusieurs de leurs ravisseurs, et les derniers mots prononcés par un d'entre eux: «Tuez l'otage».

Les États-Unis avaient prévu rapatrier la famille depuis le Pakistan dans un avion américain, mais à la dernière minute, Joshua Boyle a refusé de monter à bord puisque l'avion se rendait à la base aérienne de Bagram, a indiqué à l'Associated Press un responsable de la sécurité nationale américaine sous le couvert de l'anonymat.

Un autre responsable américain a déclaré que M. Boyle était nerveux à l'idée d'être mis en «détention» compte tenu de ses antécédents.

L'homme était auparavant marié à la soeur d'Omar Khadr, ce citoyen canadien qui a été emprisonné pendant 10 ans au camp militaire américain de Guantanamo après avoir été capturé en 2002 lors d'un échange de tirs à proximité d'un camp d'Al-Qaïda en Afghanistan.

Les responsables ont écarté tout lien entre ce passé et la capture de M. Boyle. Un responsable a décrit cela comme une «horrible coïncidence».