Un maire sortant qui en mène large et une candidate à la mairie qui parle de transports en commun, de démocratie, d'aménagement... Il y a des similitudes entre la campagne de Valérie Plante, à Montréal, et celle d'Anne Guérette, à Québec.

« Je pense qu'on a des visions qui se ressemblent. Et on fait face à deux maires qui se ressemblent. C'est un peu l'avenir qui tente de mettre le passé au rancart », lance Mme Guérette.

Sauf que les similitudes s'arrêtent là. À Montréal, Valérie Plante est bonne deuxième, non loin de Denis Coderre, selon un récent sondage. À Québec, Anne Guérette est troisième dans la course et s'est fait dépasser par Jean-François Gosselin, s'il faut en croire un sondage.

En entrevue avec La Presse, elle est la première à admettre qu'elle a un certain problème d'image. Cette architecte de formation, qui a longtemps milité pour la préservation du patrimoine, passe chez certains comme « une snob de la haute-ville », selon ses propres mots.

« Mais je ne suis pas la "madame de la haute-ville". J'ai été élevée dans la campagne avec des cols bleus, des mécaniciens, des chauffeurs de truck, des gars d'usine, des bûcherons... », dit-elle, en rappelant que son père avait travaillé dans la foresterie.

Elle dit ne pas comprendre pourquoi cette image lui colle à la peau.

« J'ai un peu de misère à comprendre. C'est sûr que je suis dans l'opposition depuis des années. Je suis un peu au front toute seule depuis des années. C'est un rôle ingrat. »

« J'ai parfois été d'accord avec des décisions de l'administration Labeaume, mais ça ne sort pas dans le journal. Alors je passe pour une personne fâchée, qui s'oppose à tout, qui ne propose rien... Ce qui est complètement faux », indique Mme Guérette.

Changer cette perception sera la clé, si elle veut ébranler le maire sortant. Le Soleil révélait en septembre qu'elle avait embauché une conseillère en communication juste avant les élections. La spécialiste assure, dans une vidéo YouTube, être capable de « faire émerger le charisme qui est là » chez ses clients.

Tramway et démocratie

Pour casser l'image de celle qui ne fait que s'opposer, la chef de Démocratie Québec veut surtout vendre ses idées. Comme celle d'établir un tramway entre la colline Parlementaire et Sainte-Foy, projet qu'elle juge beaucoup plus pertinent que celui de Régis Labeaume.

« Son projet de transports en commun structurant est un projet fantôme. Ça fait 10 ans qu'il aurait pu le faire. Il n'a rien fait. C'est un échec total, tranche Mme Guérette. Là, il veut réparer son échec des 10 dernières années. Il promet aux gens qu'enfin il va faire quelque chose. Moi, je n'ai pas confiance. »

« S'il est réélu, il va encore faire des projets dont on n'a pas besoin : un anneau de glace, un Phare, un SRB sur Charest qui sera plus un outil de développement immobilier qu'un outil aux citoyens, dit-elle. Nous, on propose un système électrique qui circule sur le circuit le plus achalandé de la ville, entre Sainte-Foy et la colline Parlementaire. »

Elle promet aussi « plus de démocratie et plus de consultations ». Elle a été marquée par ses années passées à défendre le patrimoine. « La maison Raymond-Casgrain a été démolie, la chapelle des franciscaines a été démolie, le couvent des dominicains a été démoli, l'église Saint-Vincent-de-Paul a été démolie... Beaucoup de démolitions, aucune écoute. »

Reste à voir si son message portera hors des quartiers centraux, dans les banlieues qui vont décider de l'élection du 5 novembre. C'est là un terreau fertile pour Jean-François Gosselin, qui pourrait bien lui ravir le titre de chef de l'opposition.

« J'ai confiance en l'intelligence des citoyens. Jean-François Gosselin vient d'arriver, alors il y a l'effet de nouveauté, c'est un beau garçon, il est le choix des radios... », dit-elle.

« Mais je pense que ma vision est proche de celle des jeunes. Quand la population sera- t-elle prête à embarquer ? Je ne sais pas. Le 5 novembre, je l'espère. »