Alors que Las Vegas commençait à pleurer ses morts, des Québécois qui se trouvaient dans la « capitale du divertissement » regagnaient hier leurs maisons. Dans un sentiment de soulagement, plusieurs d'entre eux ont partagé avec La Pressel'expérience qu'ils ont vécue au moment où les États-Unis vivaient la tuerie la plus meurtrière de leur histoire moderne.

DAVE TIDBURY ET DOREEN TIDBURY

« Nous faisions partie d'un groupe de 14 personnes. Nous étions à l'intérieur du MGM Grand quand la foule a commencé à courir. Nous avons alors appris qu'il y avait une tuerie et que plein de gens arrivaient vers nous. Nous sommes alors sortis et nous avons commencé à courir dans tous les sens. Je n'ai pas eu peur sur le coup. Mais, sur le chemin de notre hôtel, une foule de gens courait encore et, cette fois, nous avons eu peur. Nous sommes rentrés dans un autre hôtel où tout le monde se précipitait. Les gens étaient gentils. Ils nous ont offert à boire et à manger. Après trois ou quatre heures, ils nous ont dit qu'on pouvait rentrer dans notre hôtel en toute sécurité. On est rentrés et on a ouvert la télé, et c'est là qu'on a appris tout ce qui s'était passé. »

SERGE ROY

« On était censés aller sur la Strip hier. On était dans un mariage samedi. Dimanche, on s'est reposés à l'hôtel. Il y avait une fille du groupe qui voulait se rendre sur la Strip pour voir le spectacle. Le reste du groupe ne voulait pas. On est très chanceux d'avoir évité ça. La planète va très vite maintenant, et le monde est fou. Ça ne fait pas de sens. Mon hôtel était à environ 20 minutes de la Strip. On était chanceux de ne pas avoir été là à ce moment précis. »

JAMIE BARBIERI

« On était rassemblés pour souper. On a alors appris que des coups de feu ont été tirés dans l'hôtel Mandalay Bay. On a décidé de rentrer dans notre hôtel. Aussitôt qu'on est rentrés à l'hôtel, on ne laissait plus personne rentrer ni sortir. Ça a duré environ trois heures. C'était assez bien au niveau de la sécurité. Il y avait beaucoup de policiers. Ils ont fait une très bonne job. Je suis content d'être de retour au Québec. C'était la fin de notre voyage, mais ce n'est pas comme ça qu'on voulait que ça finisse. »

CLERMONT POULIN

« On arrivait à notre hôtel, on venait de poser nos valises. On est sortis et tout de suite on a senti qu'il se passait quelque chose. On nous a dit d'aller nous cacher dans un casino. C'était la folie. Puis on s'est mis à entendre des tirs, pow, pow, pow, pow... On est retournés à notre hôtel, duquel les gens sortaient en criant. On pensait que le fou était dans notre hôtel. Les gens ne savaient pas d'où venaient les tirs. On les entendait comme s'il tirait juste derrière nous. On voyait passer des camions de police avec les mitraillettes sorties.

« Je suis allé sur les lieux cet après-midi. Je vois les vitres cassées par le tireur en haut de l'hôtel. Il y a énormément de monde. Mais c'est calme. Les gens se tiennent la main. C'est une ville festive ici et c'est plus calme aujourd'hui. Les gens sont sous le choc. Ils ne sont pas encore rendus à l'étape de faire le débat sur les armes. Ma blonde me disait justement qu'il n'y avait jamais rien eu à Las Vegas. C'est un endroit comme Walt Disney où tu te dis qu'il serait sujet à ça... Je vais être bien content de rentrer à la maison mercredi. »

GUILLAUME MARCHAND

« On soupait sur une terrasse pas loin de là à peine 15 minutes avant que je sois de retour dans ma chambre d'hôtel. C'est alors que j'ai aperçu, du haut du 26e étage, une grande quantité de véhicules de police bloquer l'autoroute et la Strip [partie sud du Las Vegas Boulevard] où se trouvent la plupart des hôtels, casinos et centres de villégiature. Voir quelques véhicules de police, ça arrive régulièrement à Vegas. C'est en redescendant dans l'entrée de l'hôtel que je me suis fait dire qu'il ne fallait plus sortir. J'ai pris conscience de toute l'horreur de ce branle-bas de combat en ouvrant la télé à CNN. [...]. Vers 1 h du matin, j'ai essayé de dormir. À ce moment-là, la télé parlait de deux morts et des blessés. »

- Avec Le Nouvelliste

Photo Robert Skinner, La Presse

Serge Roy

Photo Robert Skinner, La Presse

Jamie Barbieri