Le premier ministre Justin Trudeau a exprimé mercredi ses «vives inquiétudes» à la leader birmane Aung San Suu Kyi relativement au traitement réservé aux musulmans et à d'autres minorités religieuses du Myanmar.

On estime que 370 000 Rohingyas ont déjà fui le Myanmar pour se réfugier au Bangladesh voisin. Ces musulmans se disent persécutés par les militaires birmans et certains bouddhistes.

Aung San Suu Kyi, qui a reçu le prix Nobel de la paix en 1991 pour sa lutte non violente en faveur de la démocratie et des droits de la personne dans son pays, fait l'objet de critiques sévères depuis quelques semaines pour son inaction face à la crise.

Le cabinet du premier ministre a soutenu mercredi que M. Trudeau avait insisté auprès de Mme Suu Kyi pour que les leaders militaires et civils du pays prennent une position ferme afin de mettre un terme aux violences, qu'ils protègent les civils et qu'ils permettent aux agences des Nations unies et aux organismes humanitaires de venir en aide aux Rohingyas.

M. Trudeau aurait rappelé l'importance de Mme Suu Kyi en tant que leader morale et politique au Myanmar. L'ancienne dissidente est aujourd'hui «conseillère d'État» de la République de l'Union du Myanmar, et on considère qu'elle dirige de facto le gouvernement birman, très proche des militaires.

Mme Suu Kyi, qui avait été faite citoyenne canadienne honoraire en 2007, alors qu'elle était dissidente, soutient que son gouvernement fait face actuellement à une «insurrection», à du «terrorisme» et à la «désinformation» des médias étrangers.

Le gouvernement du Myanmar a annoncé mercredi que ce ne sera pas Mme Suu Kyi qui participera ce mois-ci à l'Assemblée générale des Nations unies, parce qu'elle est retenue au pays pour gérer des questions nationales de sécurité - plus précisément «les attaques terroristes dans l'État de Rakhine».