Le capitaine de la Sûreté du Québec Michel Lapointe, qui était chez le notaire durant ses heures de travail le jour de la tempête de neige qui a paralysé l'autoroute 13 l'hiver dernier, a pris sa retraite avant la fin de l'étude de son dossier à l'interne, a pu confirmer La Presse. Cela le met à l'abri de toute sanction disciplinaire.

Hier, le corps policier assurait que tous les faits entourant le cafouillage de l'A13 continuaient d'être étudiés par la Direction des normes professionnelles, laquelle pourrait imposer des sanctions administratives aux cadres mis en cause. Mais une source à l'interne a confirmé qu'en l'absence d'un lien d'emploi, il serait impossible de sanctionner M. Lapointe, même si on jugeait qu'il a manqué à son devoir en s'absentant pour vaquer à ses activités professionnelles parallèles de gestionnaire immobilier, qui n'avaient rien à voir avec son rôle de policier.

Cette confirmation arrive au moment où le ministre de la Sécurité publique, Martin Coiteux, annonce qu'il apportera des modifications au projet de loi 133 afin d'interdire aux policiers qui occupent une fonction de cadre d'avoir plus d'un emploi.

« Ce n'est pas strictement relié aux événements de l'autoroute 13 [...]. Ceci dit, il y a des choses qui nous ont été révélées par cet épisode-là qui font ressortir qu'il y a un enjeu potentiel là. Donc, il s'agit de corriger une situation dans le meilleur intérêt de la sécurité », a dit le ministre, hier, lors d'une mêlée de presse à la sortie de la commission parlementaire chargée d'étudier son projet de loi.

Michel Lapointe était responsable de l'intervention sur l'autoroute 13 le soir et la nuit du 14 au 15 mars, alors que 300 automobilistes s'étaient enlisés. La Presse avait à l'époque révélé qu'alors que les conditions routières se dégradaient, M. Lapointe était à un certain moment chez le notaire. M. Lapointe était aussi courtier immobilier agréé et propriétaire d'immeubles locatifs.

La Sûreté du Québec avait alors ouvert une enquête interne pour déterminer si le capitaine se consacrait pleinement à ses tâches d'officier d'opérations pour la région autoroutière de Montréal.

« Jamais je ne vais mettre en second lieu ma job à la Sûreté du Québec : c'est ma priorité », avait-il dit à La Presse.

Les syndicats jugent le projet de loi 133 inconstitutionnel

En plus d'interdire le double emploi, le projet de loi du ministre Coiteux prévoit aussi obliger les officiers des forces de l'ordre à porter l'uniforme officiel en tout temps. Les syndicats promettent déjà de contester la loi devant les tribunaux si elle est adoptée.

« Nous sommes estomaqués devant la démesure des attaques anti-syndicats », a précisé hier Yves Francoeur, président du syndicat du Service de police de la Ville de Montréal, devant la commission parlementaire des institutions.

Le ministre de la Sécurité publique, Martin Coiteux, rétorque toutefois à l'association syndicale que son projet de loi a de bonnes balises juridiques.

« On prend toujours soin, avant de déposer un projet de loi, de s'assurer qu'il tienne la route sur le plan juridique. »

« Ça n'empêche pas, dans le contexte d'une négociation de convention collective, d'utiliser d'autres moyens de pression, de s'exprimer autrement qu'en altérant l'uniforme », a affirmé le ministre Coiteux.

Selon lui, ce projet de loi « équilibré » vise à renforcer la crédibilité des policiers, essentielle à l'exercice de leur travail.

« Il y a des enjeux de sécurité pour les policiers eux-mêmes dans [certaines] circonstances [...]. S'il y avait par exemple un attentat au Québec et qu'il y avait des gens qui se faufilaient dans les rangs des policiers en ne portant pas l'uniforme, on ne veut même pas imaginer des circonstances comme celles-là », a-t-il poursuivi.