Après la manifestation du 20 août qui a tourné au vinaigre dans les rues de Québec, un autre groupe critique de l'immigration prépare des rassemblements. Storm Alliance entend manifester à la frontière le 30 septembre et, déjà, des groupes antifascistes organisent la réplique.

«C'est un rassemblement pour dénoncer les politiques de Justin Trudeau et des libéraux: ses politiques économiques, la façon dont il ne gère pas la frontière et dénoncer le libéralisme en général», explique le président de Storm Alliance, Dave Treggett, en entrevue à La Presse.

Le choix des frontières a été fait «car médiatiquement parlant, ça attire beaucoup l'attention d'être là et c'est pour ça qu'on va être là», indique M. Treggett.

Moins connu que La Meute, Storm Alliance revendique 1200 membres au Québec et plus de 3000 au pays. M. Treggett, son fondateur, est l'ancien responsable du chapitre québécois des Soldats d'Odin, groupe anti-immigration qu'il a quitté à cause de désaccords idéologiques.

Tout comme La Meute, Storm Alliance refuse les étiquettes d'extrême droite, d'islamophobie ou de xénophobie. Sur sa page Facebook, le groupe se décrit comme un rassemblement de «citoyens vigilants» dont l'unique «but est de protéger les droits du peuple» et de défendre «la Charte des Droits et Libertés canadienne».

Le groupe axe toutefois son activisme presque exclusivement autour de la question de l'immigration. Dave Treggett et un autre dirigeant du groupe ont d'ailleurs passé plusieurs jours à la frontière récemment pour constater comment les migrants haïtiens étaient reçus.

«La sécurité nationale est en cause présentement: il y a des gens qui rentrent ici qui n'ont pas d'affaires ici.»

Les manifestations du 30 septembre doivent avoir lieu à plusieurs endroits différents sur la frontière canado-américaine. Storm Alliance ne veut pas révéler pour l'instant les lieux exacts des rassemblements.

Un «remake» du 20 août?

Mais déjà les militants antifascistes se mobilisent. Le militant Jaggi Singh indique en entrevue «que c'est certain que les gens contre le racisme et pour les migrants vont se mobiliser».

«Est-ce qu'il faut juste ignorer la Storm Alliance le 30 septembre? Moi, je ne suis pas d'accord. Il ne faut pas laisser des groupes ouvertement racistes intimider les migrants, dit-il. Il ne faut pas être naïfs, la présence de Storm Alliance à la frontière, c'est pour intimider les migrants.»

Le 1er juillet dernier, Storm Alliance avait organisé une première manifestation à Saint-Bernard-de-Lacolle. Jaggi Singh et des dizaines d'autres contre-manifestants les avaient accueillis et leur avaient bloqué l'accès à la frontière.

«Ils ont passé la journée à regarder le dos des agents de la GRC, pendant que nous occupions la frontière», se souvient Jaggi Singh, tout juste libéré après une comparution à la cour municipale de Québec mercredi, où il a été accusé d'entrave et de supposition de personne. Lors de son arrestation le 20 août, il s'est identifié sous le nom de Michel Goulet et a répondu «Colisée» quand la police lui a demandé son lieu de résidence.

Dave Treggett admet que des affrontements comme ceux du 20 août pourraient avoir lieu à la fin du mois. Il affirme toutefois être déjà en contact avec les corps policiers pour essayer d'éviter les débordements.

«Les contre-manifestants sont toujours les bienvenus. Nous, on fait la promotion de la liberté d'expression. Les antifas, c'est une autre histoire. Ceux qui viennent brasser de la marde, comme on dit, ceux qui viennent avec une attitude violente ne seront pas les bienvenus, dit-il. Mais on discute avec la GRC et la SQ présentement pour encadrer ces gens-là et les garder à l'extérieur de la manifestation.»

La Meute n'ira pas

La Meute n'entend pas participer aux manifestations du 30 septembre. Son porte-parole affirme que les membres seront toutefois libres d'y aller. «On a des affinités avec certains points de vue de Storm Alliance, explique Sylvain Brouillette. On reste deux groupes indépendants et il n'y a pas de froid entre les deux groupes. On a déjà fait des activités ensemble dans le passé et on pourrait en faire d'autres à l'avenir. »

Deux semaines après les manifestations de La Meute à Québec, M. Brouillette dit tirer un «bilan positif» de l'évènement. Il se dit convaincu que «l'opinion publique a viré du bord de La Meute».

Il y a deux semaines, un sondage SOM réalisé pour Cogeco indiquait que 51% des Québécois pensent que les autorités devraient empêcher les migrants d'entrer au pays directement à la frontière canado-américaine. Près de 40% disaient croire qu'une arrivée importante de tels migrants rendrait le Québec moins sécuritaire.