Alors que la présence de fentanyl dans les drogues de rue montréalaises se confirme, des élus provinciaux et municipaux réclament que les policiers et les pompiers soient formés pour administrer le naloxone, un antidote qui permet la réanimation en cas de surdose.

Pour le moment, parmi les premiers répondants montréalais, seuls les ambulanciers d'Urgences-santé sont équipés de naloxone. L'ensemble du personnel sur la route a reçu la formation pour pouvoir l'administrer.

Bien que les agents de la GRC et ceux de la police d'Ottawa et de Vancouver aient pour la plupart été formés, les agents du Service de police de la Ville de Montréal (SPVM) n'ont toujours pas reçu la formation nécessaire.

Même chose pour les pompiers premiers répondants, dont les protocoles d'intervention clinique n'autorisent pas l'administration de l'antidote lorsqu'ils sont confrontés à un cas de surdose. « Lorsqu'ils constatent une surdose, ils interviennent rapidement avec les soins d'urgence primaires, y compris l'assistance respiratoire, geste qui demeure primordial dans ces cas », indique la porte-parole du Service de sécurité incendie de Montréal, Marilyne Laroche Corbeil.

Le conseiller municipal de Snowdon, Marvin Rotrand, a pressé le chef de police Philippe Pichet de fournir des trousses de naloxone à ses équipes plus tôt cette semaine. « Nous avons été chanceux jusqu'à maintenant à Montréal. Mais il faut en faire plus pour éviter des crises comme celle qu'on voit dans l'Ouest canadien, où les victimes de surdose se comptent par centaines », plaide M. Rotrand.

Sa voix s'ajoute à celle de la Coalition avenir Québec (CAQ), qui réclame aussi une accélération des préparatifs en vue d'une éventuelle crise semblable à celle qui frappe l'Ouest canadien. « Ça ne demande pas de loi spéciale, juste de la bonne volonté. Tous les premiers répondants devraient avoir les outils pour faire face à la crise », affirme la députée caquiste Lise Lavallée.

Vague de décès

Le fentanyl, un opioïde 100 fois plus puissant que la morphine, a été lié par le Bureau du coroner au décès de 12 personnes dans la région de Montréal depuis le 1er août.

Le chef de police Philippe Pichet s'entretiendra avec le maire Denis Coderre mardi prochain à l'hôtel de ville, lors d'une rencontre avec plusieurs chefs de service sur la question des opioïdes. « Je ne m'empêtrerai pas dans le juridictionnel. Donner les kits aux premiers répondants, ça pourrait être un atout », a affirmé M. Coderre, sans toutefois clarifier sa position sur la question.

« Est-ce que ce serait adéquat qu'il y ait des kits pour les policiers et les pompiers ? J'envisage de parler à tous ceux qui sont concernés par cette situation », a ajouté le maire.

Depuis le 1er août, ces kits ont servi à traiter 24 cas de surdose à Montréal. Dans 13 cas, ce sont les ambulanciers d'Urgences-santé qui les ont administrés. Dans 11 autres cas, ce sont des utilisateurs de drogues injectables ou des proches qui ont injecté le naloxone, grâce à des trousses obtenues gratuitement dans le cadre d'un programme de formation coordonné par la Direction de la santé publique.

Plus de 600 trousses de naloxone ont été distribuées depuis 2015 grâce à ce programme.