Uniformes, toilettes, vestiaires, confidentialité, demandes de congé pour les changements de sexe, pronoms à utiliser : le gouvernement fédéral vient de produire un guide de 22 pages à l'intention de ses employés et de ses gestionnaires qui traite du soutien à apporter aux personnes trans dans la fonction publique.

Rédigé par 16 fonctionnaires qui se décrivent comme des « cochampions de la diversité », le document passe en revue tout ce qui doit être fait pour que chaque personne soit traitée avec « respect et dignité ».

En ce qui a trait à la tenue vestimentaire, « les employés, qu'ils se soient identifiés comme transgenres ou personnes au genre variant, devraient être en mesure de s'habiller de manière compatible avec leur identité de genre ».

« Si le travail exige le port d'un uniforme, et si les uniformes sont sexospécifiques (c'est-à-dire qu'il y a un uniforme masculin et un uniforme féminin), le travailleur doit pouvoir choisir son uniforme. »

- Extrait du guide du gouvernement fédéral

Pour les détails pratiques, comme les frais liés à un changement d'uniforme, le guide précise que l'on peut notamment prendre pour exemple ce qui se fait en matière de grossesse.

Dans de rares cas, est-il encore écrit, « il peut être nécessaire d'attribuer le travail selon le genre, par exemple lors de fouilles corporelles dans des pénitenciers ».

Les gestionnaires « qui donnent une affectation sexospécifique à un employé transgenre ou au genre variant [...] doivent tenir compte du niveau d'aise et de sécurité de l'employé », estiment les auteurs, qui ajoutent qu'à la demande de l'employé, ses tâches devraient « correspondre à son identité de genre indépendamment de son sexe à la naissance ».

TOILETTES ET VESTIAIRES

Comme le préconisait la Commission scolaire de Montréal dans son propre guide élaboré en 2016, le gouvernement canadien estime que côté toilettes et vestiaires, « les employés devraient être en mesure d'utiliser les installations où ils se sentent l'aise et qui correspondent à leur identité de genre ».

« Les employés ne doivent pas faire face à un harcèlement supplémentaire lorsqu'ils utilisent des toilettes sexospécifiques. Dans la mesure du possible, on encourage l'installation de toilettes pour tous les genres. »

Le document signale à l'employé transgenre qu'il a pour sa part tout intérêt à soumettre un plan de transition qui, idéalement, devrait comprendre la date prévue pour le changement de nom, les dates prévues des rendez-vous médicaux, des traitements et des interventions chirurgicales afin que les changements à apporter à la paye, à la carte d'identité et aux demandes de congé se fassent rondement.

« BONNE VOLONTÉ »

Julien Leroux, président de l'organisme Aide aux Trans du Québec, estime que le document « part d'une bonne volonté d'action et d'intégration », mais il croit que les fonctionnaires auraient eu intérêt à consulter des gens mieux documentés sur la question avant de le publier.

Cela leur aurait notamment évité d'évoquer un peu partout dans le document la notion de « transgenre » « alors qu'ils font en fait référence à la transidentité ».

M. Leroux croit aussi que les auteurs auraient été bien avisés de noter à quel point les taux de suicide ou de tentative de suicide chez les trans sont élevés, histoire de bien signifier à chacun combien des efforts d'intégration et de respect sont essentiels.

Aussi, ajoute-t-il, étant donné les très hauts taux de chômage et les faibles salaires des personnes trans qui sont pourtant souvent très scolarisées, le document n'aurait pas dû insister sur leurs « qualités uniques », mais sur leurs compétences, selon M. Leroux.

M. Leroux relève enfin quelques bourdes, comme le fait d'avoir inclus les drag queens dans la définition de transgenre.

« Les drag queens et les drag kings ne doivent pas être inclus dans cette définition, car ce sont des artistes qui donnent une performance et qui ne présentent pas de dysphorie de genre. »

- Avec William Leclerc, La Presse