Les fonctionnaires du ministère de la Défense et les fabricants d'avions de chasse ont encerclé une date à la fin du mois de septembre comme étant un moment déterminant pour le plan du gouvernement libéral d'acheter les chasseurs Super Hornets du constructeur américain Boeing.

Le projet d'acquisition se trouve dans les limbes depuis que les libéraux ont menacé de l'annuler, en mai, en raison du différend commercial qui oppose Boeing au constructeur aéronautique canadien Bombardier.

Des sources au sein de l'industrie affirment qu'il n'y a eu aucun contact entre Ottawa et Boeing pendant des mois, et que la plupart des intervenants pensent à présent que l'achat des Super Hornets se jouera le 25 septembre.

C'est à cette date que le département américain du Commerce dévoilera les résultats de son enquête qui visait à déterminer si Bombardier a vendu ses avions de ligne CSeries à un prix injustement bas grâce à des subventions du gouvernement fédéral.

Une constatation de culpabilité pourrait s'accompagner d'amendes ou des tarifs pour Bombardier, et du même coup, inciter le gouvernement libéral, qui s'est montré critique envers cette enquête, à mettre la hache dans son entente avec Boeing.

Certains concurrents de Boeing se préparent déjà à bondir si le gouvernement renonce à l'achat des Super Hornets.

La présidente du géant de la défense Lockheed Martin, Marillyn Hewson, a récemment écrit à plusieurs ministres libéraux pour leur promettre un bon prix et une livraison rapide de ses appareils F-35.

«Nous demandons respectueusement au gouvernement du Canada d'envisager l'avion F-35 ... qu'il peut acquérir pour le même prix et dans le même délai (qu'un Super Hornet)», a écrit Mme Hewson.

Plusieurs autres fabricants d'avions de chasse ont fait des représentations semblables au cours des derniers mois.

Alors que le gouvernement a jusqu'ici refusé de répondre formellement aux rivaux de Boeing, il n'a pas pour autant écarté la possibilité de prendre une direction différente.

«Nous continuons d'explorer plusieurs options pour fournir une solution intérimaire qui s'ajouterait aux CF-18», a déclaré Mary-Rose Brown, une porte-parole de Jim Carr, le ministre par intérim des Services publics et de l'Approvisionnement.

«Nous n'avons pas encore pris de décision. Les discussions doivent prouver que la flotte intérimaire offre de bonnes caractéristiques et peut être acquise à un coût et dans un délai qui sont acceptables pour les Canadiens.»

Les démarches pour le possible achat de Super Hornets n'en sont pas à un point mort, malgré l'absence de contacts entre Boeing et le gouvernement.

Toute vente de Super Hornets passerait par le gouvernement des États-Unis, qui a recueilli des informations auprès de Boeing quant au prix des avions et au moment où ils pourraient être livrés.

Mais alors que les fonctionnaires américains étaient censés fournir cette information à leurs homologues canadiens d'ici la fin de la semaine prochaine, des sources rapportent un report à la fin septembre ou au début d'octobre.

Mary-Rose Brown et le département d'État américain ont refusé de commenter ce délai vendredi.

Le gouvernement Trudeau avait annoncé en novembre son plan d'acquérir des aéronefs pour combler temporairement une pénurie majeure d'avions de chasse jusqu'à ce qu'un appel d'offres soit mené en bonne et due forme pour remplacer les CF-18 vieillissants du Canada.

Le gouvernement a déclaré à l'époque que le Super Hornet était le seul avion capable de répondre à ses exigences du moment.

De nombreux experts de la défense, dont 13 commandants de l'armée de l'air à la retraite, avaient critiqué ce plan des libéraux et demandé la tenue d'un concours immédiat pour remplacer les CF-18.