Une Québécoise résidant en Colombie-Britannique fait partie des milliers de sinistrés forcés de quitter leur logement depuis plusieurs semaines en raison des incendies de forêt qui font toujours rage dans la région. Par ailleurs, le Québec a envoyé hier de nouveaux renforts sur place afin de maîtriser ces incendies.

Cela fait maintenant 18 jours que Noelle MacFarlane, une Québécoise installée en Colombie-Britannique depuis 17 ans, loge avec son mari dans un motel de Cache Creek, une bourgade située à deux heures de route de leur village de Clinton, dans le sud de la province.

Par chez eux, l'incendie de forêt Elephant Hill s'étend actuellement sur près de 170 000 hectares, soit 1700 km2. Il s'agit du deuxième incendie en importance encore actif sur le territoire britanno-colombien.

« Ça fait des semaines qu'il s'est déclenché et il brûle toujours », précise Mme MacFarlane.

Des dizaines de pompiers forestiers de la Société de protection des forêts contre le feu (SOPFEU) ont mis le cap hier vers la province de l'Ouest, en état d'urgence depuis plus d'un mois maintenant. « Ils sont présentement une quarantaine déjà là-bas et il y en a 43 qui partent », a indiqué Marie-Louise Harvey, agente à la prévention et à l'information de la SOPFEU, le matin du départ.

On n'a pas encore décidé combien de temps ces sapeurs demeureront dans l'Ouest, mais d'après Mme Harvey, les missions durent généralement entre 14 et 20 jours, selon les besoins. « Tant qu'à les envoyer là-bas, ils restent au moins ce temps-là. »

Récit d'une sinistrée

Depuis le mois d'avril, plus de 600 incendies de forêt se sont déclarés dans la province. En date du 9 août, 130 incendies brûlaient encore.

Chassée de son domicile, Noelle MacFarlane a décrit à La Presse ce qu'elle et des milliers d'autres traversent, alors qu'ils sont forcés de tout laisser derrière eux, sans savoir quand - ou même si - ils retrouveront leur maison.

Le 14 juillet, les citoyens de Clinton ont été avisés d'une possibilité d'évacuation à venir. Avant la fin du mois, ils ont en effet eu à partir, les flammes s'étant trop approchées du village de 650 habitants.

« Ça s'est passé tellement vite. En quelques heures seulement, on a dû prendre nos affaires et quitter. »

Une fois sorties du périmètre à évacuer, les personnes délogées doivent aller s'enregistrer comme sinistrés dans la ville de Kamloops, plus au sud, à environ 350 km de Vancouver.

Puis, celles qui le peuvent vont chez des proches, d'autres dans des hôtels ou motels, comme c'est le cas de Noelle MacFarlane, dont les assurances couvrent les frais d'hébergement.

Certains sinistrés n'ont cependant accès à aucune des deux options. « Ils dorment sur des lits dans un aréna » aménagé en centre d'urgence, à Kamloops. Les sinistrés y affluent sans relâche. Les autorités de la ville craignaient qu'il n'y ait pas assez de place pour tous les accueillir.

«Ça sent la fumée partout»

Les habitants de sa commune et de toutes les zones évacuées sont barricadés à l'extérieur de chez eux. « On n'a pas beaucoup d'informations sur notre village, indique Noelle MacFarlane. Je ne sais pas de quoi ma maison a l'air en ce moment. »

Les routes menant à Clinton sont parsemées de panneaux interdisant le passage. « Et il y a la GRC partout. Ils bloquent les voies, ils sont même stationnés au milieu de l'autoroute. »

En plus de la police, elle croise des pompiers à chaque coin de rue. Ils logent dans des tentes dans la ville ou en périphérie, où tout le monde apprécie grandement leur travail. « On est tous très reconnaissants », dit la femme. Des villages entiers abandonnés, des sinistrés relogés, des centres d'urgence surpeuplés et des campements pour les équipes de secouristes.

« Ça ressemble un peu à une atmosphère de guerre. »

Dehors, « ça sent la fumée partout ». Un épais nuage donne l'impression d'un brouillard permanent, marié à une odeur omniprésente dans l'air, malgré la distance les séparant du brasier. « C'est comme en camping, quand on éteint un feu de bois et qu'il y a cette fumée qui brûle les yeux et la gorge. »

D'après Mme MacFarlane, les autorités tentent également de protéger les maisons des voleurs voulant profiter de l'absence des résidants pour les cambrioler. Ces maisons, les sinistrés ne savent pas quand ils pourront les regagner.

Les 600 habitants de Clinton font partie des 46 000 personnes au total évacuées depuis le début de la saison des incendies de forêt, en avril.

Chronologie des interventions québécoises depuis le déclenchement des incendies

• 12 juillet : Envoi de 285 ensembles de motopompes à Chilliwack

• 18 juillet : Envoi de 4000 longueurs de tuyaux à Chilliwack

• 29 et 30 juillet : Envoi de quatre avions-citernes à Kamloops

• 4 août : Envoi de 40 pompiers, deux chefs de section et deux représentants d'agence à Kamloops

• 15 août : Envoi de 40 pompiers forestiers, deux chefs de section et un représentant d'agence

Photo fournie à l’Agence France-Presse

Depuis le mois d'avril, plus de 600 incendies de forêt se sont déclarés en Colombie-Britannique. En date du 9 août, 130 incendies brûlaient encore.

PHOTO FOURNIE PAR NOELLE MacFARLANE

Noelle MacFarlane