La crise des oeufs contaminés donne la chair de poule aux consommateurs d'Europe et de Hong Kong. Mais au Québec, il n'y a pas de raison de s'inquiéter. Voici pourquoi.

QUE S'EST-IL PASSÉ ?

Tout commence par des poux rouges. Pour les éradiquer, Chickfriend, une entreprise néerlandaise, vaporise les poules dans des dizaines d'élevages avec un désinfectant. Erreur, c'est un produit nocif. Car il contient du fipronil, un insecticide considéré comme « modérément toxique » pour les humains par l'Organisation mondiale de la santé. Des centaines de milliers d'oeufs sont contaminés. Et une quinzaine de pays de l'Union européenne, de même que la Suisse et Hong Kong, en ont possiblement importés. Ce scandale éclate le 1er août dernier. Mais l'affaire remonte à plus loin. Dès novembre 2016, une source anonyme a alerté les autorités à La Haye, aux Pays-Bas.

ET LE QUÉBEC ?

« C'est presque impossible que ces oeufs se retrouvent au Québec », dit Benjamin Gagnon, porte-parole de la Fédération des producteurs d'oeufs du Québec. Il rappelle que 95 % des oeufs achetés au Canada sont produits au pays. Le reste est importé des États-Unis. « Et la vaste majorité des oeufs américains, ajoute-t-il, sont transformés. » En fait, ils sont bouillis pour en faire des oeufs durs. Ou ils sont pasteurisés pour en faire des berlingots. « Ça élimine les possibilités d'intoxication », dit-il. M. Gagnon précise que 78 % des oeufs consommés au Québec l'an dernier provenaient de producteurs québécois. Les autres étaient canadiens et américains.

INSPECTION DES ALIMENTS

L'Agence canadienne d'inspection des aliments (ACIA) surveille de près les derniers rebondissements. Sa porte-parole, Maria Kubacki, a répondu à La Presse par courriel. « Nous avons immédiatement vérifié qu'aucun des ovoproduits [oeufs transformés] en provenance des entreprises mises en cause ne se sont retrouvés au Canada », souligne-t-elle. Elle précise que l'importation des oeufs de table (en coquille) en provenance de l'Europe n'est pas permise au pays. Depuis janvier dernier, seule l'importation d'ovoproduits pasteurisés l'est. Mais il n'y en a pas eu à ce jour. « Si un chargement d'ovoproduits est importé de l'Union européenne, écrit-elle, nous procéderons à une inspection pour vérifier la présence de résidus chimiques. »

PAS DE FIPRONIL

Par ailleurs, le fipronil n'est pas homologué par Santé Canada. « Il n'est pas utilisé au Québec », dit Benjamin Gagnon. Le ministère québécois de l'Agriculture, des Pêcheries et de l'Alimentation (MAPAQ) n'en a pas trouvé de traces non plus. « Les 281 échantillons d'oeufs analysés dans le cadre de notre plan de surveillance quinquennal ne contenaient pas de fipronil », dit Mélissa Lapointe. La porte-parole du Ministère signale que des études européennes ont démontré qu'il faut manger entre 7 et 15 oeufs par jour pour subir les effets néfastes de cet insecticide. « Le risque pour le consommateur est jugé très négligeable, dit-elle. Il n'y a pas de raison de s'inquiéter. »

INDUSTRIE RÉGLEMENTÉE

Benjamin Gagnon rappelle que les producteurs doivent répondre aux règlements de l'ACIA et du MAPAQ. Et il y a différents tests. « Des inspecteurs font des prélèvements de poussières, d'oeufs et de plumes, dit-il. Les échantillons sont analysés dans des laboratoires indépendants. » Les élevages doivent aussi répondre aux programmes pancanadiens de salubrité des producteurs d'oeufs du Canada. « Cela vise à assurer une bonne régie de troupeaux, avec des animaux en santé », dit-il. Les oeufs sont à nouveau testés dans les postes de classification, avant de partir dans les épiceries. Et les producteurs québécois ont mis sur pied un programme unique de traçabilité. Il permettrait de procéder à un rappel efficace, en cas de problème.