Des spécialistes du phénomène de «sextorsion» en ligne disent avoir remarqué une hausse des déclarations de ce type d'incidents chez les jeunes garçons.

Le Centre canadien de protection de l'enfance (CCPE) précise que 65 garçons ont rapporté des incidents au site Cyberaide.ca en 2015-2016, une hausse de 89 % comparativement à la période 2013-2014. Les déclarations ont bondi de 66 % du côté des jeunes filles.

Bien qu'un total de 65 victimes masculines ne semble pas si élevé, la hausse importante indique que les garçons sont de plus en plus à risque de recevoir des menaces en ligne, estime la directrice générale du CCPE, Lianna McDonald.

Ce qu'on ignore toujours, c'est la raison de cette hausse des déclarations. Mme McDonald confirme qu'on ne sait pas si c'est parce que les jeunes savent davantage où déclarer les cas de sextorsion ou parce qu'il y en a plus qu'avant.

L'agence a lancé mardi sa toute première campagne de sensibilisation et de prévention visant les jeunes garçons. Elle utilise l'humour pour attirer l'attention des adolescents avec une mascotte ayant une drôle d'allure: le rat-taupe nu. L'objectif, en utilisant la créature, est de lancer des conversations et d'offrir aux jeunes garçons une image qu'ils peuvent envoyer lorsqu'on leur demande des photos d'eux nus.

Cette approche non conventionnelle vise à «se démarquer auprès d'un public qui ne prête pas attention», a indiqué Mme McDonald, ajoutant que les campagnes de peur ne semblent pas fonctionner chez les garçons.

Le groupe a lancé un site web offrant une aide en ligne confidentielle, de même que de l'information pour les garçons, les éducateurs et les parents qui cherchent à lancer la conversation.

Au total, les déclarations à Cyberaide pour les garçons et les filles ont augmenté de 140 % de 2015 à 2016.

L'agent responsable de la section de lutte contre l'exploitation des enfants au sein de la police de Toronto affirme que les garçons sont victimes de sextorsion «beaucoup plus que ce que les gens croient». Il a notamment rencontré un criminel qui a admis avoir fait plus de 1200 victimes masculines.

«Tous ces garçons croyaient qu'ils envoyaient des photos à une fille de leur âge», souligne le sergent-détective Paul Krawczyk.

«Imaginez ceux que nous n'attrapons pas, puis imaginez ceux dont nous ignorons l'existence.»

Il implore les parents de prévenir leurs garçons des risques et souligne que les filles ne demandent généralement pas des photos explicites.

Les filles demeurent cependant la cible principale des prédateurs, rappelle Mme McDonald. Alors que les garçons sont généralement ciblés par des adultes inconnus à l'étranger, les filles sont exploitées de plusieurs façons, incluant par des jeunes de leur âge.