Le député de Québec solidaire Amir Khadir réclame, au nom de sinistrés des inondations n'arrivant pas à obtenir d'indemnisations de leur compagnie d'assurance, une aide immédiate du gouvernement du Québec.

En point de presse, dimanche, à l'île Bizard, aux côtés de gens durement touchés par les inondations, M. Khadir a appelé à tout le moins à une assistance juridique ou « à une intervention d'une quelconque nature auprès des compagnies d'assurance pour les forcer à respecter rapidement leurs responsabilités ».

« Les compagnies d'assurance, j'imagine, essaient de minimiser leurs responsabilités financières. C'est leur droit. Mais il y a une responsabilité gouvernementale. Moi je suis un député. Je m'attends à ce que notre gouvernement agisse de manière responsable, et rappelle [aux assureurs privés] les engagements non seulement sociaux, mais formels, pris par contrat, [...] et arrête de compliquer la vie davantage aux gens qui sont sinistrés », a déclaré M. Khadir.

Mina Tayarani, qui doute pouvoir réintégrer la maison qu'elle habite depuis onze ans sur l'île Bizard avec son conjoint et ses deux enfants, devait avoir la visite d'un inspecteur des assurances, vendredi dernier, mais celui-ci ne s'est pas présenté.

Selon le récit qu'a fait la dame, la compagnie a d'abord indiqué qu'un inspecteur ne pouvait accéder à sa maison, avant de soutenir qu'il n'y avait personne à l'adresse indiquée au moment de l'heure prévue de la visite. Mme Tayarani a fait valoir qu'elle s'y trouvait, avec des gens venus l'épauler, alors que les efforts des voisins et proches étaient au plus fort, vendredi.

La compagnie d'assurance affirme que Mme Tayarani n'est pas couverte contre les inondations, et elle fait valoir que les problèmes ont commencé par un refoulement d'eau - également survenu en 2008, pour lequel elle avait reçu « une petite somme » - , et qu'elle devrait par conséquent être indemnisée.

« Il m'a dit ''il y a beaucoup d'eau dans votre rue''. Je lui ai dit qu'il y avait des chaloupes. Finalement, il ne s'est pas présenté. Il a dit que nous n'étions pas à la maison, nous étions tous là », a dit l'enseignante, entourée d'élèves du primaire venus la soutenir dans cette épreuve.

Geneviève Delisle dit attendre pour sa part une lettre de refus de couverture de la compagnie d'assurance afin de pouvoir avoir droit à une aide financière du gouvernement du Québec. Ses appels à l'expert en sinistres lui ayant été assigné ne sont pas non plus retournés, a-t-elle indiqué.

Interpellant le gouvernement du Québec, mais également le fédéral, M. Khadir a par ailleurs soutenu que le Canada était le seul pays du G7 à ne pas compter un programme national d'assurance pour les cas d'inondations, afin de « mutualiser les risques dans tout le pays ».

Le ministre de la Sécurité publique, Martin Coiteux, n'a pas souhaité commenter cet enjeu particulier, dimanche, son attachée nous ayant référé au ministère pour des informations sur le programme d'aide.

Le porte-parole du ministère de la Sécurité publique Olivier Cantin a souligné que le programme gouvernemental d'aide aux sinistrés couvre des éléments que généralement l'assureur privé ne couvre pas.

« Le programme couvre une multitude de choses, parce qu'effectivement, il y a des choses qui ne sont pas couvertes par les assureurs privés, notamment les dégâts en matière de sinistres comme les inondations que nous vivons présentement », a-t-il affirmé.

M. Cantin a parlé d'une aide gouvernementale de « dernier recours », qui vise à s'assurer que les sinistrés puissent retrouver rapidement un domicile « fonctionnel ».

« Il y a des choses qui sont admissibles très, très rapidement », a dit le porte-parole, affirmant que des chèques étaient versés dans un délai de 24 à 72 heures pour payer pour des travaux.

Des numéros sont disponibles pour les sinistrés afin d'obtenir de l'information sur le programme d'aide financière (418 643-AIDE, dans la région de Québec, ou 1 888 643-AIDE, ailleurs dans la province).

M. Cantin ne pouvait pas s'avancer sur une intervention possible du gouvernement du Québec auprès des compagnies d'assurance.

Le porte-parole a indiqué que MM. Coiteux et Couillard avaient déjà indiqué que des spécialistes se penchaient actuellement sur le programme d'aide pour déterminer s'il y a lieu d'en faire plus ou de faire les choses différemment. Il a rappelé qu'un programme spécifique avait été mis en vigueur pour les gens de Lac-Mégantic - avec d'autres types de dépenses couvertes et des critères élargis - à la suite de la tragédie ferroviaire.

Le grand ménage commence dans l'arrondissement de Pierrefonds-Roxboro

Pendant ce temps, de l'autre côté de la rivière des Prairies, dans une rue de l'arrondissement de Pierrefonds-Roxboro, des résidants arrachaient, dimanche, de grands pans de leur plancher ainsi que des panneaux muraux, alors qu'ils se débarrassaient aussi de leurs biens imbibés d'eau.

Plusieurs estiment que les dommages qu'ils constatent s'élèveront à des dizaines de milliers de dollars et soutiennent que l'aide proposée par le gouvernement ne permettra pas de supporter la plupart des coûts.

La Ville de Montréal a levé l'état d'urgence qu'elle avait décrété, mais l'accumulation d'eau est toujours visible sur certaines routes et dans plusieurs sous-sols.

Les citoyens reçoivent peu à peu l'autorisation de regagner leur domicile alors que l'eau se retire dans la plupart des régions de la province.

Samedi soir, près de 4600 résidences étaient inondées dans la province et près de 3900 personnes avaient dû être évacuées dans 129 municipalités, selon le bilan d'Urgence Québec.

Sur sa pelouse avant, David Samuelson montre un amas croissant de débris qui faisaient partie de sa maison : bois, plâtre, meubles, animaux en peluche et chaussures.

L'homme de 42 ans est demeuré dans sa maison pour sauver ce qu'il pouvait jusqu'à ce que le niveau d'eau soit à ses hanches, mais a dû abandonner 90 % des articles dans son sous-sol fini, qui était utilisé largement par ses trois enfants.

Désormais, il ne reste que des débris, et tout doit être retiré afin d'éviter le plus possible les moisissures. Il a affirmé que les dommages à son domicile étaient évalués à environ 60 000 $ - bien que les coûts véritables soient difficiles à chiffrer.

« Ce sont des jouets, des souvenirs, tant de choses qui n'ont pas de prix », a-t-il confié.

Gisela Schmidt, 50 ans, a affirmé s'être fait dire qu'elle n'obtiendrait pas d'aide financière pour les réparations à la maison dont elle est propriétaire, et où réside sa mère de 78 ans.

Mme Schmidt a dit ne pas être admissible car la maison n'est pas sa propre résidence principale.

Contrairement à plusieurs propriétaires, elle a indiqué que son assurance a couvert une petite portion des dommages et que l'entreprise lui a envoyé un chèque, sans poser de questions.