Deux prêteurs privés qui avaient allongé des millions de dollars à Serge Losique pour lui permettre de tenir la plus récente édition de son Festival des films du monde n'en peuvent plus d'attendre pour être remboursés. Ils viennent d'annoncer officiellement qu'ils comptent saisir le Cinéma Impérial, un joyau inscrit au Répertoire du patrimoine culturel du Québec, s'ils n'ont pas revu la couleur de leur argent d'ici 60 jours.

« Nous sommes au stade de manifester notre position. Il y a un avis de 60 jours, voyons comment les choses évoluent », a simplement déclaré l'un des créanciers, Michel Constantin, lorsque joint par La Presse hier.

Propriétaire d'un parc immobilier et prêteur privé depuis plusieurs années, l'homme d'affaires n'a pas voulu discuter de ce qu'il adviendra du Cinéma Impérial, si lui et son partenaire, le prêteur Denis Hébert, mettent la main dessus.

MM. Constantin et Hébert avaient prêté 3,65 millions à l'entreprise de M. Losique en décembre 2015. Le cinéma de la rue de Bleury ainsi qu'une propriété de M. Losique en Estrie avaient été offerts en garantie pour le prêt. Avec les intérêts, les prêteurs affirment qu'on leur doit maintenant plus de 4,3 millions et qu'ils sont en droit de saisir les immeubles, s'ils ne sont pas payés rapidement.

M. Losique, qui revient tout juste d'un voyage en Chine, n'était pas disponible pour commenter hier mais dans son entourage, on avait bon espoir que les choses s'arrangeraient sous peu.

De don à garantie de prêt

Le Festival des films du monde, qui a perdu toutes ses subventions publiques canadiennes et est poursuivi par la Société de développement des entreprises culturelles, a connu d'importantes difficultés financières ces dernières années. Mais son fondateur a réussi plusieurs fois à dénicher des fonds inattendus qui sauvaient l'événement.

Construit en 1913, le Cinéma Impérial est un ancien cinéma de type « super palace » d'inspiration Renaissance, selon le site du ministère de la Culture. L'édifice avait été cédé gracieusement par Viacom au Festival, au milieu des années 90. Le Festival l'avait ensuite transféré à un organisme sans but lucratif dirigé par M. Losique.