La greffière et directrice des services juridiques de Brossard a porté plainte pour harcèlement psychologique contre la municipalité en visant spécifiquement le maire Paul Leduc.

Selon les informations recueillies par La Presse, MIsabelleGrenier aurait subi de nombreux « commentaires vexatoires » de la part du maire Leduc, qui aurait franchi de façon régulière la frontière séparant la politique de la machine administrative, au cours des dernières années. Bien que Me Grenier relève officiellement de la direction générale de la municipalité, le maire Leduc n'aurait pas hésité à « passer ses commandes ».

Ainsi, l'ingérence dans les dossiers sous la responsabilité de MGrenier aurait été régulière et répétée. Paul Leduc aurait même imposé certaines décisions concernant l'attribution de contrats lorsque la Ville devait recourir aux services de cabinets d'avocats externes, par exemple.

MIsabelle Grenier a déposé sa plainte auprès de la Commission des normes, de l'équité, de la santé et de la sécurité du travail (CNESST) en juin 2016, alors qu'elle était en congé de maladie depuis quelques mois. Après analyse, son dossier a été déféré au Tribunal administratif du travail (TAT), comme il a été confirmé hier à La Presse. La cause de MGrenier ne pourra toutefois être entendue avant 2018, en raison des délais créés par la grève récente des juristes de l'État, a indiqué le TAT.

« PAS UN BOURREAU »

Invité à commenter la situation, le maire Leduc a nié faire quelque ingérence que ce soit auprès des fonctionnaires.

« C'est faux, ce que vous entendez dire, a-t-il tranché. Je ne suis pas un bourreau. »

Ce dernier a laissé entendre qu'une plainte ne signifie pas que les reproches sont fondés. M. Leduc faisait ainsi allusion à une autre plainte de harcèlement psychologique déposée contre lui, il y a quelques années, et qui s'est réglée par une entente à l'amiable.

« En 2009, quand je suis revenu [à l'hôtel de ville], on avait quelqu'un dont il fallait se défaire. Qu'est-ce qu'elle a fait ? La personne a porté plainte pour harcèlement psychologique. C'est assez courant dans le monde municipal », a souligné le maire avant d'ajouter, concernant la plainte de Me Grenier : « Je ne peux pas évaluer les objectifs de la personne qui dépose une plainte. »

VAGUE DE DÉPARTS

Par ailleurs, le maire Leduc a rejeté l'idée qu'il puisse y avoir un lien entre ce dossier et le fait que la Ville de Brossard connaît des départs répétés au sein de son personnel. Au cours des dernières semaines, l'attachée de presse du maire Leduc et le directeur du service des finances ont démissionné.

Depuis environ deux ans, Brossard est aux prises avec une vague de départs (démissions et congés de maladie) ; on en compte au moins une dizaine. Selon les élus de l'opposition, dont la chef du parti Brossard Ensemble, Doreen Assaad, c'est illustration d'un malaise entre les murs de l'hôtel de ville, où le maire est « très directif ». « Ce n'est pas un taux de roulement normal », estime-t-elle.

« Ce n'est pas une saignée. Il y a 500 employés ici. On a 75 cadres », a affirmé le maire Leduc à La Presse. « Brossard connaît une croissance phénoménale, avec de nombreux projets. Cela exige que les gens s'adaptent. [...] C'est sûr que ce n'est pas tout le monde qui peut suivre le rythme », a laissé tomber le maire.