Un projet d'usine de transformation du cannabis fait planer le maire d'Huntingdon, emballé par la possible création de 150 emplois dans cette municipalité dévitalisée de la Montérégie, a appris La Presse.

Le projet de 25 millions de dollars, qui n'avait pas filtré jusqu'à présent, est celui d'un trio d'hommes d'affaires de Montréal réunis dans une société à numéros. L'installation ferait l'extraction des substances actives du cannabis, dont le fameux THC, «à des fins médicales».

Des usines semblables ailleurs au pays produisent ainsi de l'huile de cannabis.

«Ça va être un vent de fraîcheur ces 150 emplois-là», a affirmé en entrevue le maire d'Huntingdon, André Brunette. «Depuis les fermetures d'usines de textile en 2005-2006, on travaille très fort pour attirer des emplois durables pour nos citoyens. [...] Alors oui, on est d'accord avec le projet.»

Si le maire Brunette est plein d'espoir, l'usine n'est pas à la veille d'isoler sa première molécule de THC. Le bâtiment qui doit l'accueillir n'est même pas sorti de terre.

«On est en attente de l'émission d'une licence de Santé Canada», a indiqué Nathalie Vallée, chargée des relations publiques pour les promoteurs du projet. Eux-mêmes n'ont pas accepté la demande d'entrevue de La Presse ni de dévoiler le nom de leur projet. Un permis de construction sera ensuite demandé. «Les délais pour nous, c'est une boîte à surprise», a ajouté Mme Vallée.

La firme Paradigmes affaires publiques vient de s'enregistrer au Registre des lobbyistes afin de faire progresser le projet. Les promoteurs voudraient obtenir «un soutien financier à déterminer sous forme de subvention ou de garantie de prêt» pour la réalisation du projet. Ils comptent s'adresser à Investissement Québec, à la ministre de l'Économie Dominique Anglade et au ministre de la Santé Gaétan Barrette.

«C'est énorme»

Mme Vallée ajoute que sa firme a été mandatée pour prendre contact avec les conseillers municipaux d'Huntingdon, ainsi que pour organiser des rencontres d'information avec les citoyens.

Le maire Brunette s'est dit confiant devant le niveau de préparation des promoteurs. Et surtout par les emplois dont ses citoyens ont cruellement besoin.

«Ils sont en contact avec des gens pour la sécurité et la sécurité des employés. C'est certain que ça va être clôturé. Il va y avoir des caméras. Ils n'ont pas oublié grand-chose. Le dossier est tellement bien fait», a-t-il dit. Et les emplois, «c'est énorme». L'élu demande justement à Santé Canada de presser le pas et au gouvernement du Québec de donner sa bénédiction au projet.

En plus de la main-d'oeuvre abondante et motivée, les services municipaux ont pu inciter les promoteurs à planifier s'installer dans la ville, a indiqué M. Brunette. «Ici, à Huntingdon, on a une usine de traitement des eaux et on a la capacité de fournir la Ville de Québec. L'usine [aura] besoin de beaucoup d'eau et nos infrastructures le permettent», a expliqué le maire Brunette.

La société à numéros à l'origine du projet réunit les hommes d'affaires Paul Furfaro, Davide Zaffino et François Limoges. «C'est un projet sur lequel [ils] travaillent depuis maintenant deux ans», a indiqué Mme Vallée.

Il s'agirait de la deuxième usine de ce genre à voir le jour au Québec. Une autre est située dans l'Outaouais.