Fini les équipes d'élite, les camps de préparation et les tournois avec d'autres jeunes hockeyeurs québécois. Le programme de hockey créé par Joé Juneau dans le Grand Nord de la province vient d'être lourdement amputé, a appris La Presse.

Le non-renouvellement d'un financement public d'environ 600 000 $ forcera l'organisation à éliminer ses cinq équipes « sélectives », qui regroupaient un peu plus d'une centaine de joueurs parmi les meilleurs du Nunavik, a indiqué l'ex-joueur de la LNH.

Deux d'entre elles - une équipe bantam et une équipe pee-wee - ont remporté un tournoi provincial au cours des dernières semaines.

« Ce serait dommage de perdre cette composante, car les résultats sont exceptionnels et ça profite tellement aux jeunes », a affirmé M. Juneau, toujours à la recherche d'une nouvelle source de financement pour sauver sa prochaine saison.

Les autorités locales doivent confirmer la nouvelle aujourd'hui dans un communiqué.

L'initiative a fait l'objet de multiples hommages depuis quelques années, le joueur de hockey devenant même chevalier de l'Ordre du Québec grâce à celle-ci. « Ce programme engendre des retombées positives sur divers plans, notamment sur le plan psychosocial, selon l'organisation. De plus, grâce à M. Juneau, le Nunavik peut à présent prendre part aux compétitions provinciales de hockey mineur. »

« Ça a été un plaisir de travailler avec et pour la jeunesse du Nunavik dans le volet sélectif du programme pendant les 11 dernières années », a laissé savoir Joé Juneau.

Un lien trop ténu

Le financement qui n'est pas renouvelé provenait d'Ungaluk, un programme de financement local destiné à la prévention du crime. Il est cogéré par Québec, l'Administration régionale Kativik (le gouvernement local) et la Société Makivik (l'organisation de développement économique des Inuits). Le gouvernement du Québec verse chaque année 10 millions dans ce fonds, qui « constitue une solution de rechange à la construction d'un centre de détention au Nunavik », jugée hors de prix.

Cette année, le comité chargé d'attribuer le financement a déterminé que le lien du programme avec les enjeux de sécurité était trop ténu. Une évaluation effectuée l'an dernier par une firme d'Ottawa avait déterminé que le projet n'était pas connecté à la culture inuite. Joé Juneau s'est dit « très déçu » de ce rapport, qui « conclut autrement » d'un autre rapport rédigé par des chercheurs de l'Université d'Ottawa.

À son avis, le programme est « totalement en lien avec la prévention du crime ».

« Seulement certains aspects »

« Ce n'est pas tout le programme qui est coupé, seulement certains aspects seront coupés », s'est défendu Jobie Tukkiapik, président de Makivik, au cours d'une brève conversation téléphonique. « C'est fondamentalement pour leur dire qu'ils pourraient aussi trouver du financement ailleurs. »

M. Tukkiapik a indiqué qu'un autre représentant de Makivik rappellerait La Presse en soirée. Personne n'avait rappelé au moment de publier.

L'Administration régionale Kativik n'a pas voulu commenter la situation.

L'initiative lancée par Joé Juneau en 2007 comprend deux volets : un programme régional, dans lequel environ 500 joueurs du Nunavik s'affrontent entre eux, et un programme « sélectif » d'une centaine de joueurs, qui vont affronter des équipes dans « le sud » du Québec après un camp d'entraînement. C'est ce second volet qui est touché par l'arrêt de financement. Ungaluk continue de financer la ligue régionale.

« Environ 135 jeunes ont participé à la composante Select cette année. En comptant nos jeunes instructeurs, 95 auront participé à des voyages-tournois au sud [du Québec], précédés de camps de préparation de 10 jours à Inukjuak », a détaillé Joé Juneau.