Le commissaire de la Gendarmerie royale du Canada (GRC) Bob Paulson s'est prononcé sur la décision du corps policier de donner plus d'armes d'assaut aux agents de première ligne et a exprimé ses craintes, lundi, quant à la militarisation grandissante des forces policières au pays.

Devant le comité de sécurité nationale du Sénat, M. Paulson a dit qu'il voulait que ses agents aient le meilleur équipement possible pour appliquer la loi, tout en protégeant le public et eux-mêmes.

Mais il a affirmé qu'il avait «peur de la tendance ascendante dans le domaine policier quant à l'utilisation d'outils de style militaire par des forces de l'ordre pour mener des opérations policières».

Cette tendance incite les agents à se concentrer sur l'application de la loi et à s'appuyer de plus en plus sur la force «plutôt que de résoudre des problèmes en s'orientant vers la communauté et vers une approche de prévention qui est mieux adaptée au contexte canadien».

Le commissaire a admis que les agents de la GRC n'éprouvaient aucune pénurie d'armes lourdes, ce qui inclut des véhicules blindés, des drones et des mitrailleuses.

Plusieurs policiers de première ligne sont maintenant munis de carabines. C'était l'une des recommandations formulées dans la foulée de la fusillade à Moncton, en 2014, qui avait causé la mort de trois agents de la GRC.

La distribution de carabines doit toutefois être accompagnée d'une plus grande prise de conscience chez les policiers quant aux enjeux entourant l'usage de la force, a indiqué M. Paulson.

«Allons-nous poursuivre les voleurs à l'étalage avec des carabines? Nos politiques ont été peaufinées pour refléter cette réflexion», a-t-il affirmé.

Les forces policières doivent passer plus de temps à réfléchir sur leur façon de se présenter au public et d'interagir avec lui, a souligné le commissaire.

Le plus grand risque est celui d'amener une mentalité de «nous contre eux» parmi les policiers, ce qui créerait une distance et une attitude potentiellement hostile envers les communautés qu'ils sont censés servir.

Le comité du Sénat a aussi été informé d'une pénurie de personnel dans les rangs de la GRC. En moyenne, les détachements de la GRC sont aux prises avec une pénurie de 5 pour cent de leur personnel.

Le problème s'explique en partie par le fait que des policiers quittent la GRC pour des emplois mieux payés dans d'autres corps de police.

Une requête visant à augmenter le salaire des agents - qui est parmi les plus bas au pays, d'après ce qu'a entendu le comité - est actuellement étudiée par le gouvernement fédéral.

La GRC veut aussi demander l'assistance du gouvernement fédéral pour aider au recrutement, mais le commissaire n'a pas précisé à quel moment cette requête sera déposée.

PHOTO PC

Une lourde opération policière a été menée à Moncton en juin 2014.