Loto-Québec va retirer, au cours des deux prochaines années, environ 1100 appareils de loterie vidéo (ALV) des bars et restaurants du Québec. Sur l'ensemble du territoire, la norme de deux appareils pour 1000 personnes sera appliquée - les retraits viseront surtout les secteurs où on retrouve les populations les plus vulnérables.

Conséquence des reportages publiés par La Presse+ cet automne sur le phénomène du jeu pathologique généré par la multiplication de ces machines et leur facilité d'accès, le ministre des Finances, Carlos Leitão, responsable de Loto-Québec, a été interpellé de nombreuses fois par les partis de l'opposition à l'Assemblée nationale pour combattre ce « crack informatique » : la dépendance au jeu favorisée par les ALV dans les bars du Québec.

Le gouvernement Couillard, de concert avec Loto-Québec, va resserrer les règles sur la distribution et l'utilisation des appareils de loterie vidéo. Québec a pris sa décision sur la base de scénarios proposés par la société d'État. Cette dernière doit diffuser aujourd'hui sa nouvelle politique.

On compte 11 600 machines dans l'ensemble du Québec actuellement. Cinq cents se trouvent dans des « Salons de jeux » contrôlés par Loto-Québec : ces dernières ne seront pas touchées. Québec compte ramener le parc des machines qui se trouvent dans les bars à moins de 10 000, ce qui nécessite 1100 retraits environ.

Cette opération signifie, à terme, des pertes de revenu de 70 millions par année pour Loto-Québec. La société d'État devra générer plus de revenus avec ses autres produits, poursuivre son virage vers le divertissement et des activités moins socialement dommageables.

Québec ne rognera pas dans les 22 millions qu'il injecte chaque année dans les campagnes pour stopper le jeu pathologique.

ZONES « PROBLÉMATIQUES »

Les 1100 machines seront retirées dans les zones où un des deux principaux critères déjà établis n'est pas respecté : le premier précise qu'on ne peut avoir plus de deux établissements avec des ALV par tranche de 5000 habitants ; le second prévoit qu'on ne doit pas trouver plus de deux appareils par tranche de 1000 personnes. Les zones « problématiques » où on trouve une clientèle plus vulnérable seront visées en priorité. Cependant, dans certaines régions éloignées, très faiblement peuplées, on pourra tolérer qu'il y ait plus de deux machines par 1000 habitants, pour éviter que des régions soient desservies par des machines illégales.

Les règles appliquées par la Régie des alcools, des courses et des jeux (RACJ) seront aussi resserrées. On appliquera une politique de tolérance zéro pour les renouvellements de permis - ils seront révoqués dès que l'établissement est pris en défaut quant à l'application d'un règlement. La RACJ devra appliquer plus rigoureusement des règles qu'on juge suffisantes si elles sont respectées. On constate que forcer le retrait de guichets automatiques des salles de jeu est compliqué - « minimalement », les guichets ne devront plus désormais être « à la vue » des joueurs quand ils utilisent un appareil. Retirer complètement les guichets pourrait inciter les commerçants à avancer l'argent avec une commission payée par le joueur.

Loto-Québec devra aller vérifier systématiquement l'utilisation des machines ; elle aura les effectifs nécessaires pour procéder à ces inspections.

RETRAITS VOLONTAIRES

Québec offrira aussi aux commerçants de reprendre les machines avec une année de revenus comme compensation - dans certains endroits, une machine peut générer jusqu'à 50 000 $ de recettes annuellement.

Si l'application plus stricte des règles et les retraits volontaires ne sont pas suffisants pour atteindre les cibles de Québec, on procédera à un retrait obligatoire « paramétrique ». Dans tous les secteurs d'une région où on dépasse la cible, on retirera une, voire deux machines par établissement, sans autre forme de procès.

En février, les données du plus récent recensement seront disponibles, et Loto-Québec aura à discuter avec la Santé publique pour déterminer si la répartition des appareils est compatible avec la protection des populations vulnérables. On compte appliquer sans concession un des deux critères suivants : le revenu moyen des ménages doit être égal ou supérieur à celui de l'ensemble des ménages du Québec, et la proportion des ménages « à faible revenu » ne doit pas être supérieure à 17 %, soit la proportion de ces ménages dans l'ensemble de la population. Actuellement, les zones où on retrouve une concentration plus forte d'ALV correspondent aux secteurs où on retrouve des groupes plus vulnérables.