Ottawa a approuvé en mai dernier la commercialisation d'un saumon génétiquement modifié, le premier animal transgénique destiné à la consommation humaine. Mais il sera peut-être impossible de le reconnaître sur les tablettes de la poissonnerie.

C'est du moins ce que recommande le Comité permanent de l'agriculture et de l'agroalimentaire, qui vient de déposer son rapport sur les animaux génétiquement modifiés destinés à la consommation humaine. Au grand dam de certains groupes écologistes, le Comité ne recommande pas l'étiquetage obligatoire de ce poisson lorsqu'il sera commercialisé, puisque des études ont démontré qu'il ne pose pas de problème pour la santé des consommateurs. 

« La majorité des Canadiens demandent l'étiquetage obligatoire des OGM. C'est possible de le faire, et il faut le faire », déplore la députée néo-démocrate Ruth Ellen Brosseau, qui était pourtant vice-présidente du Comité qui a étudié la question. Mme Brosseau a déposé un rapport complémentaire dans lequel elle explique sa dissidence sur cette question. Le Nouveau Parti démocratique est favorable à l'étiquetage des OGM, qu'ils soient végétaux ou animaux. 

Plus de transparence

Le Comité de l'agriculture est constitué proportionnellement d'élus des principaux partis. Afin de faire ses recommandations, il a reçu des représentants de l'industrie des biotechnologies, ainsi que de groupes opposés à la commercialisation de protéines issues du génie génétique. 

Dans son rapport, le Comité donne quelques tapes sur les doigts du gouvernement fédéral. Sa première recommandation : Ottawa doit faire preuve de plus de transparence lorsqu'il évalue l'innocuité des animaux modifiés destinés à devenir des aliments. 

Selon Ruth Ellen Brosseau, les études qui mènent à ces décisions devraient être publiques. « Il faut que les Canadiens aient accès à ces documents », estime la députée de Berthier-Maskinongé. Ironiquement, les membres de ce comité, pourtant chargé d'étudier le dossier, ne les ont pas consultés non plus. 

À Santé Canada, on explique que ces études comportent des données sensibles et qu'il faut donc passer par la Loi sur l'accès à l'information pour les obtenir. 

« La plupart des études sont faites par les compagnies et les groupes qui font les produits. Ils ont des partis pris », déplore Ruth Ellen Brosseau. Soit dit en passant, le Comité de l'agriculture estime que le gouvernement devrait financer davantage d'études indépendantes sur les OGM.

photo Sean Kilpatrick, archives la presse canadienne

La députée néo-démocrate Ruth Ellen Brosseau demande l'étiquetage obligatoire des OGM.

Qu'est-ce que le saumon génétiquement modifié ?

Il s'agit d'un saumon de l'Atlantique dans lequel on a introduit le gène d'une autre espèce de saumon afin d'accélérer sa croissance. Le poisson atteint donc sa taille de commercialisation plus rapidement. L'entreprise qui est derrière ce produit, AquaBounty, veut installer sa production au Panama et assure qu'il y aura un marché pour son poisson. Il pourrait être commercialisé dès 2017.